21/01/2015


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inauguration de la salle Guy Brassoud Faverges



inauguration de la salle Guy Brassoud Faverges

Inauguration de la salle Guy BRASSOUD à la Soierie / Faverges, le 10 janvier 2015.
Je retrouve ici avec vous, aujourd’hui, devant cette matérialisation du nom de Guy BRASSOUD au cœur de cette salle, l’émotion causée par sa disparition, en juillet 2011.
J’éprouve la même sensation, comme l’impossibilité de sa disparition physique ; comme si sa présence à nos côtés était une évidence ; comme s’il intervenait lui-même dans cette cérémonie.
C’est tout à fait l’image vivante que je garde de Guy. Elle s ‘impose visuellement en moi, avec l’allure et le visage de l’homme qui traversait l’espace et le temps en transportant dans sa besace toutes les poésies du monde.
Car la poésie, pour lui, c’était la réalité vécue, dite, chantée, avec la chair et le sang des poètes qui vivaient l’histoire avec leurs peuples ; et c’était le chant des luttes, le chant de l’amour, le chant de la liberté et de la paix.
Avec la poésie, c’est le théâtre qui irriguait le système vital quotidien de Guy ; il y puisait son souffle ; il y cherchait sa respiration. Il y trouvait sa culture et le paysage de l’histoire au cœur des siècles et des littératures qu’il donnait ainsi à visiter à des publics vibrant devant les tableaux de la Révolution française en Haute Savoie aussi bien qu’avec l’épisode du passage de Henri IV à Faverges, parmi tant d’autres pièces mises en scène au fil des années. Guy au 20ème siècle, ici, c’était à mes yeux l’âme de cet homme de théâtre grec, Thespis, qui parcourait l’Attique avec son chariot, ses spectacles, ses masques, il y a 2500 ans. Mais Guy, c’était au moins autant, l’homme du dialogue, au sens où l’entendaient les philosophes grecs, c’est à dire l’homme qui questionne à la fois la réalité, les gens et le langage et tous ceux qui gèrent cette réalité et ce langage, dans tous les domaines des idées, de l’art, de la vie en société et du pouvoir. Il s’agit d’un dialogue critique, révélateur, au sens où l’entendait Socrate, l’accoucheur de la vérité.
Guy, c’était l’homme de l’engagement syndicaliste et communiste, au sens plein du terme, dans la culture et dans la politique, sans réticence et sans aveuglement, avec toutes les exigences que supposent la défense et l’illustration des positions et de l’existence des classes laborieuses de notre pays, avec la prise en compte de l’ensemble des problèmes de la société à notre époque.
Je ne saurais terminer cette brève esquisse de l’homme que nous célébrons aujourd’hui sans évoquer son goût pour les joies et les plaisirs de l’amitié, de la convivialité à l’image de l’œuvre de Rabelais, qui nous plonge dans la « substantifique moelle » de la vie et de l’histoire de notre pays, que Guy a tant aimé.
Guy BRASSOUD c’est ici, l’illustration d’un homme de large culture, d’un champion du partage, combattant de la citoyenneté éclairée, un vrai représentant des luttes et des espérances que nous partageons avec lui.
Il a animé la vie de la cité de tous les feux de la réalité et de son histoire. Son nom s’inscrit ici en ce lieu. Son œuvre continue. Cette salle pérennise son souvenir.

Roland FARRE