Maso Tourisme à Bicyclette : 1000 kilomètres à vélo de Seynod BRM 2007

2-7-2007 maj 24-11-2015 Fiche contact

Le groupe des randonneurs de l'an mille au départ de Seynod en 2007Le rendez vous est à présent habituel à la salle Max Decarre de Seynod, il est sept heures du matin, ils sont bien tous là les : Jacques Dutang, le buffalo bill de la vélopédie, cachant sa chevelure sous son grand chapeau, alors que Georges Durand et Jean m'offrent plusieurs cafés tout en me prodiguant les derniers conseils.

Pointage, parlotes pour se donner bonne figure, sept valeureux randonneurs dont deux callipyges , fous du macadam s'élancent alors pour cette virée en direction du soleil.

Passée la zone industrielle, parmi les indigènes qui vont gagner leur croûte, énervés et pressés, il nous faut sécher les premières sueurs et frayeurs sur la RN 508 en direction de la Balme de Sillingy.

En effet, il faut rester concentré et serrer les fesses sur cet axe à la circulation démente.

Mais après Frangy, cité des dames du temps jadis, la route qui s'élargit un peu est plus propice à l'avancée facile, vent de dos et faux plat légèrement descendant.

Remarquant les pancartes " Du Léman à la mer " posé par la conseil général de la haute Savoie, le long de cette D 14, dangereuse, car fréquentée et peu large, le Rhône, aux entournures gonflées par les pluies torrentielles de ce mois de juin, nous servira de fil conducteur : Mais le club des sept nains de la route, s'en fou complètement.

La piste cyclable de Seyssel étant occultée, je me retrouve seul à l'arrière suite à une crevaison , mes compagnons de bambée ayant filé.

Me voilà à présent seul avec Fanny, plus enclin à me fondre et à admirer le paysage : l'avant pays savoyard est vert et calme, parmi les bovins affables, Yenne blottie aux pieds des collines semble endormie.

Le lac de Novalaise est calme, les touristes n'ont pas encore envahit ses berges ; des odeurs fortes de blé montent à mes narines.

Au détour d'une cour, je rejoins Hugette, délaissée par ses compagnons de route, nous faisons désormais une virée à deux, vers le sud de la France.

La route est calme et campagnarde jusqu'aux Abrets, mais une bosse assassine et la circulation des trucks, devenus déments stoppent cette harmonie naissante.

Nous cheminons à présent, vent de dos, dans le Nord Isère par Le grand Lemps, la vallée de la Bièvre, pour rejoindre la Drôme à Hauterives, dont le facteur Cheval constitue encore l'attraction touristique de ces lieux agricoles.

L'avancée est aisée jusqu'à Saint Vallier ,où l'on retrouve le fleuve. La circulation est intense sur la Rn 86 qui nous emmène à la Voulte, puis au Teil , le long du Rhône aux eaux vertes.

Huguette ayant fait la belle, nous nous retrouvons de nouveau seuls avec Fanny alors que les choses sérieuses commencent à la tombée de la nuit, par les gorges dont j'ai occulté le nom, lieu de bivouac sordide , derrière le mur de soutènement de la route nationale.

Le jour n'est pas encore levé quand vers les 5 heures j'arpente déjà lentement mais sûrement la route qui mène au plateau ardècheois.

La RN 102 est un enfer par la circulation de ses camions, mais passé Villeneuve de Berg, un café et me voici dans une zone calme.

Le plateau est calme et envoûtant, de beaux hameaux typiques, succèdent à quelques constructions nouvellement crées, mais la pression foncière reste raisonnable.

Cette route sur plateau est enfin du vrai cyclotourisme : pas un bruit, seul le vent dans les feuilles fait bruisser les feuilles, le soleil levant réchauffe un peu l'atmosphère fraîche, je respire à fond.

Pas question de faire la course, j'admire ce paysage fait de vignes vdqs, de maquis, de buissette " Ardèche suspend ton vol ", et je prends le mien pour le ciel.

la boucle de l'ardèche et les gorgesJe parcours la vallée de l'ibie, où coule la rivière du Agamemnon, et si présentement un mince filet d'eau y coule langoureusement, ne n'y trompons pas, la zone peut être sujette à de gros orages, comme en attestent les pancartes," route submersible ".

En tout cas, pas question de passer le grand plateau, sauf s'il est de fromages.

Une petite descente vers vallon pont d'arc, porte d'entrée des gorges de l’Ardèche, les campings 4 étoiles attendent le hollandais, l’Ardèche se languit des touristes , les canots attendent en rang d'oignon.

 

Mais les choses sérieuses débutent : une bosse de deux kilomètres à 12 pour cent fait office de petit déjeuner, le paysage me rappelle le colorado que je n'ai jamais vu.

" Han, han ", cette putain de côte est dure, mais un écossais aussi peu bavard qu'avare se profile devant moi, quelques mots échangés, deux d'anglais, trois de français, et j'apprends qu'il nous vient d’Édimbourg par TGV déversé en gare d'Avignon : et viva Europa.

Je ne puis m'arrêter de fixer dans mon Lumix, ces gorges et falaises, où coule le précieux liquide vert.

Voici à nouveau la rn 86 et ses camions : c'est l'enfer au pays des cigales, mais Laudun et son célèbre vin romain, puis Tavel ne rafraîchissent le palais.

Je marque en effet une halte dégustation au caveau: les platanes du pays sont grandioses, comme les seins de la vendeuse que je soupèse du regard.

Après cet apéritif bien mérité, Il est temps de manger un bout sous peine de tomber d’inanition, un restaurant routier affiche menu à 12 euros, allez soyons fous, c'est dans mes prix.

La brandade de la morue a certes bon goût, mais la sanction tombera un peu plus loin in extremis, au détour d'un bosquet.

Voici Remoulin et le pont du Gard, que hagard je ne verrai pas comme en 1978, j'ai tout de même le temps de noter une adresse qui pourrait servir lors d'une prochaine randonnée cyclotouristique, pas comme cette débilité que je suis en train d'accomplir : "hôtel du nord 30 euros ".

Le paysage est à présent bien Méditerranéen, il fait chaud et les cigales bien planquées dans les platanes, scient comme des folles, j'en ai les oreilles qui sifflent.

Les routes empruntées sont nationales, peu larges et extrêmement dangereuses, les bandes cyclables se font rares, et lorsqu'elle existent, jonchées de débris en tout genre.

Épuise, je marque un arrêt chez un producteur de pèches, qui devant mon teint livide me somme de rester à l'ombre quelques minutes : nous discutons quelques minutes : ""un peu de fraîcheur et de chaleur humaine".

La nuit tombe sur CrauLa mer enfin : Aigues mortes est l'occasion d'une photo. je ne vois même pas la mer, mais que de vin, que de vin, il est bien des sables celui là, puisque ces vignes plongent racines jusque dans la mer.

Les saintes maries de la mer, lieu de pèlerinage annuel de fanny est émotionnant, la cité est encore calme , alors que les touristes arrivent à peine.

La route est nationale, mais calme, et bordée d'une belle piste cyclable, le marais s’apprête à fêter sa nuit, la lune est pleine, les grenouilles croassent, les lapins me saluent, et les moustiques fondent sur moi comme des bourrasques de neige.

Mais ma lumière tombe en panne, alors que me voici à quatre pattes sur Fanny essayant dans la nuit de fixer ce fil qui me tient à la vie, deux jeunes stoppent brutalement et surgissent de leur voiture. La peur de ma vie que j'ai un instant, ils vont me tomber dessus, mais non, ils s’inquiètent de ma santé et me proposent de l'aide.

Après le passage des deux bacs, et pas mal de temps perdu, mais dans une ambiance psychédélique, c'est la police municipale affable qui m’accueille à Port st louis, par un grand bonjour.

La pleine lune, les éoliennes qui pétillent dans la nuit et les lumières de Fos sur mer, donnent à l'instant une ambiance magique.

Roupillon dans un abri bus, sur la route d'Arles, c'est à 4 heures du matin, bouffé par la gent moustiques et les crocs que je tente de rejoindre Arles.

Cinq heures, sans coup férir, grâce au topo du père Dutang, je joue l'arlésienne alors que la ville s'ébroue tranquillement.

La Provence est belle, les Baux de Provence sont déserts et majestueux, mais la bosse dure à avaler : je respire à fond l'air sec et chaud encore agréable ce matin.

Je grappille mètre par mètre la bosse qui mène dans les Alpilles.

Cavaillon, où une piste passerelle cyclable enjambe le pont est l' occasion de rencontrer un jeune tractant une imposante remorque avec son vélo.

Les camions de fruits reprennent leur ballets et me rasent à plusieurs reprises, il fait chaud et je suis sur une route de merde.

Carpentras est animée, il fait de plus en plus chaud, les routes de la Drôme sont plus calmes, mais à aleyrac , je manque d’être envoyé en enfer par un monstrueux coup de chaleur.

Un demi litre de bière sera nécessaire afin d’abaisser ma température interne.

bande cyclable et platanesLa nuit tombe et heureusement la route de Crest est calme à cette heure.

Il me faut manger sous peine de tomber, un minable restaurant à Romans, fera l'affaire.

Servi par une jeunette qui se languit d'aller danser avec les loups tant je la sent trépigner autour de ma pizza, je repars rapidement sur la rn 92 par st Marcellin afin de libérer la belle libellule.

L'avancée devient du n'importe quoi, par une succession de roupillons et de bouts droits, dans cette nuit calme Voiron se présente alors que le clocher de l'abbatiale égéenne les sept coups de la messe du matin.

A présent je suis en terrain connu par st laurent du pont, col de couz, sommes toutes bien avalé, la route qui descend vers Chambéry coule de sources et des cascades descendues de la Chartreuse verte des pluies de juin.

Mais la nationale entre Aix les bains et Annecy, sur quelques bosses assassines, entre un flot retrouvé de voitures relève plus de la punition que du plaisir.

Arrivée à onze heures Ricard à Seynod, le père Dutang est encore là, à m'attendre, et même si celui ci ne m'a fait souffrir, je le remercie de son excellent topo du parcours.

Mais promesse de Gascon, je ne recommence plus ce genre de débilité, pour revenir à des randonnées plus en rapport avec le cyclotourisme.

In fine, une randonnée difficile, plus proche du cyclo-sport que du cyclotourisme, mais malgré certaines portions dangereuses à cause de l'adéquation entre la largeur des routes et la circulation intense; de belles portions où le cyclotourisme a pu retrouver sa place : L'avant pays savoyard, les Georges de l’Ardèche, la Camargue, la Crau, la Provence et les baux, la Drôme provençale.

Mais le plus grand regret : le manque total d'une élémentaire cohésion dans le groupe, même les coureurs montrent plus de solidarité. Et si cela tenait à la nature même du randonneur routard, un vieux cow-boy solitaire finalement.

Mais je n'oublie pas de dire un grand merci au père jacques Dutang et à ses amis Georges Durand et jeannot pour la qualité du topo du parcours, leur accueil et leur attente.