A la rencontre de celle que Claudio de la Faverges pensait être sa muse, mais fut une Bretonne Pie Noir
FAVERGES (Haute Savoie) LA FORET FOUESNANT (29) en BRETAGNE : Avril MAI 2002
Sur la route toute la sainte
journée …
Après un lever à 4 heures du mat, et la fin des préparatifs,
Fanny et Claudio sont prêts au départ à 9 h 48 très
exactement .
Motivés par l’appel du grand large et une belle sirène
brune.
Dernière pesée, poids de la bête déguisée
en coureur 83.5 kg, poids du cheval 23.5 kg , pas vraiment des mensurations
pour battre des records.
C’est sous un grand soleil et le vent favorable qu'ils prennent la
direction de saint Jorioz par la route nationale, où leur ami polo,
doit se demander quelle guêpe Bretonne les a piquée .
Sur la piste cyclable il faut déjà slalomer entre les rolleuses,
ce n’est pas facile avec ce semi remorque , bien que pas toujours
désagréable.
Ils abordent d’un pas très lent et mesuré le col
de Leschaux.
C’est dur, très dur, mais je sais qu’après le
sommet ce sera plus facile .
Un dernier regard sur la gouille et c’est enfin le sommet après
1 h 22 minutes : juste dans les temps , histoire de se rassurer , la suite
prouvera que ce n’est pas si facile que ça.
Aix les bains, par les Bauges, toujours aussi belles, vent de dos et en
descente c’est toujours ça de gagné
Je quitte la Savoie à Culoz, par les bords du
lac d’aix les bains, cher à une certaine Martine je crois,
mais sans être chauvin le lac d’Annecy est plus mignon, bien
que peut être moins romantique.
Artemare : début de la vallée de l’albarine
, qui n’est qu’un lieu de passage inhospitalier, entre les
monts du Bugey, mais le beau bitume, le vent dans le dos, et l’absence
de monde, rendent la progression facile, et me laisse le loisir d’admirer
les magnifiques falaises .
Quittant sans regrets, cette vallée à
Ambérieu , débute alors la traversée de la Dombes, pays
d’étangs, de pâturages.
Mais je ne puis honorer aujourd’hui les bons petits restos, un autre
jour peut être, en d’autres temps, avec une randonneuse plus
causante.
ST Maurice de Remens : village de Antoine de St exupery, « dessine
moi un vélo » , j’ai envie de lui dire.
Fini de rigoler, vent de face, faux plat montant , route à mauvais
rendu, envol vers les Monts du Beaujolais, plus facile à descendre
qu’à escalader .
Belleville ou Nashville : Anne de beaujeu se pâme de me voir escalader
en souplesse, le beaujolais.
Coup de fringale monumental, je tente un arrêt dans un bistrot pour
manger quelque chose, mais malheureusement la brave cafetière ne
fait pas de sandwich.
Je me contente donc d’une bière avec quelques sucres. (un
vieux truc de cyclo routard)
Dans mon état , la brave dame me conseille du repos et m’indique
une adresse de gîte, je fais mine d’être intéressé,
et la remercie , car elle ne se doute pas qu’elle vient de rencontrer
un hybride entre Anne de Beaujeu et la bête du Gévaudan, Anne m’ayant
laissé ce visage d’ange, et le Gévaudan, cet esprit
routard.
La fin du col est très pénible, à cause du vent de
face, de la fringale, et d’une pente assez rude.
Ouf ! Les Echarmeaux, fin du col enfin, je change de bassin
hydrologique et de région.
C’est la plongée dans la forêt des monts du beaujolais
, je dégotte en catimini, une petite clairière sympa, et
essaye de monter dans la pénombre, cette putain de tente.
Mais devant mes dons pour le bricolage, et sans lentilles, impossible
de l'installer.
Mais après 15 minutes, et l’instinct de survie aidant, je
réussis enfin à monter tant bien que mal la cabane.
Sans sac de couchage, autant dire que la nuit a été froide
et agitée, et ce n’est pas avec ma randonneuse, qui, elle
, couche dehors.
2eme jour aller : Lundi 29 avril 2002 Beaujolais
3 heures du mat, la pluie commence
a traverser la tente, sans toile : il fait très froid, il faut
dégager, et vite.
Départ à 3 h 55 dans la nuit noire, je ne suis pas la
ligne bleue des Vosges, mais la ligne blanche de la DDE.
« Chauffailles » : ça caille, pluie, vent, et pleine
lune, c’est dantesque mais magnifique, et émotionnel.
Les camions me doublent me repèrent très bien, grâce
à mon habit de lumière, mais heureusement peu de circulation,
ce qui est logique, car seul les dingos sont sur la route.
La pluie tombe drue, mais le poncho protége bien.
Le temps alterne entre de courts averses et la pleine lune , c’est
féerique.
« Le Donjon » , arrêt dans un café , toujours
une pluie fine, mais le paysage de l’allier est magnifique sur
cette petite départementale déserte.
Jaligny , Village où j’avais fait étape en 96 , j’observe
un arrêt intendance.
L’hôtel est pourri mais toujours ouvert , puis c’est
Moulins, la grande route et sa pollution.
Après la traversée de l‘allier, où il suffit de
passer le pont, et c’est tout de suite l’aventure, me voici
à nouveau sur de petites routes départementales ponctuées
de bovins, pas très sympa d’ailleurs.
Après Savigny, un hameau au nom évocateur, un troupeau
de mojons, s’avance vers moi :
« passe vite » ; "on fait ce qu’on peut".
Quoiqu’il en soit la route est magnifique et tranquille.
Cerilly et la traversée de la foret de Tronçais est magnifique,
mais un peu trop de camions,.
Issoudun vers 20 h je décide de passer en ville, c’est
quand même mieux que la rocade.
C’est une ville avec de jolies rues historiques, et de belles
bâtisses, mais sinistre , mon ancien chef parisien, avait raison
.
Je me tape un tour complet pour rien, comme si j’avais besoin
de ça.
Me voilà parti à la recherche d’ un endroit tranquille
pour dormir.
Pas facile : que des champs de colza à perte de vue.
La champenoise, 21 h , je repère un terrain vague au sommet de
la côte où j’essaye de planter la tente dans un tas de cailloux.
Ca tiens comme ça peux, mais je réussis tout de même
à dormir un peu.
3ème et 4ème jour aller :
Mardi 30 Avril et Mercredi 1er mai.
510 km
4 h du mat’, la cabane tombe
sur le chien , c’est pourquoi, je plie tout, et dégage vite
fait.
Me voilà prêt au départ, un automobiliste, qui s’avère
être un cyclotouriste s’arrête, me discute un moment,
et m’encourage, c’est dans la nuit, bien éclairé
par la pleine lune, que j’arpente les champs de colza.
Les paysages du Berry, sont reposants, et me font penser à Georges
Sand, un reste de culture du lycée.
A Saumur , arrêt pommadin dans le parc, ce n’est plus un secret
maintenant, les fesses étant très sollicitées dans
ce périple, il faut bien les soigner.
Centrale atomique de Chinon , Angers vent force 8 de face, dur.
Nase, je décide de dormir quelques instants dans un champ, mais
suis réveillé par un agriculteur, qui m’a vu au loin,
et me croyant mort, est venu vers moi, sympa tout de même, il ne
faut pas désespérer de la nature humaine.
Azay , un rideau de verdure m’empêche de voir le château.
J’atteins Saché , un joli village peu avant midi, où j’effectue
quelques courses dans le petit casino du coin.
Saumur :spécialités “ galipettes ”, j’aimerais
bien y goûter.
je passe devant les établissements “ veuve Amiot ”,
et bien que j’ai soif, je continue imperturbable.
Il est 22 heures, la nuit est tombée, mais le ciel rouge éclaire
bien l’horizon.
Cosnée sur Loire , la pluie tombe à grands seaux, je suis
nase et décide de m’arrêter et dormir, dans une cabine
du crédit agricole : massage, étirements, mais après
30 minutes, je dégage, car un quidam me casse les pieds, et me
propose de me conduire à l’hôtel.
Sûrement un cravaté du crédit à bricoles ,
qui m’a vu dans sa télé, mais il ne sait pas qu’il
a à faire à la bestiole du gévaudan.
Il me casse les pieds ce jeune cadre zélé du CA, allez foutons
le camp d’ici.
C’est sous la pluie battante, et un vent de face qui souffle en
tempête que je continue ma progression.
Ancenis je traverse la Loire, après 278 kilomètres.
Il est 1 h du mat, le vent souffle toujours, l’allure est très
faible, mais je continue tranquille, on verra bien quand je tomberai,
et j’ai mal aux genoux malgré l’air marin vivifiant.
Après une brève rencontre à laquelle je ne répond
heureusement pas, avec de jeunes noctambules complètement allumés
, me voici dans une campagne déserte,
Il est 2 h du mat, dans ce bocage breton, le vent souffle en tempête
de face, il pleut, la route ne rend rien, j’ai sommeil, il faut
que je squatte pendant une heure ou deux, je n’en sais rien, un
abri près d’une ferme.
Même le chien ne m’a pas senti , tellement mon odeur est proche
de la sienne.
Je caille tellement que je reprend la route de Redon où je m’arrête
boire un double café et quelques pâtisseries, a 8 heures
du matin.
J’achète quelques brins de muguet pour offrir à mes
muses, mais ne sais dans quel état il arrivera.
Le passage à niveau fermé, laisse passer le train pour Quimper,
joli pied de nez, mais la bestiole a encore des ressources, pour rallier
le but seule.
J’aborde de jolies routes dans ce paysage de bocage breton.
Vannes , il faut quitter la départementale, qui devient subitement
à quatre voies , et passer par la pittoresque route des villages.
A St ave “ la Talloires bretonne”, je fais une petite sieste
crapuleuse , bien agréable au soleil, avec ma randonneuse, n’en
déplaise aux passants, sur la place du village, mais à peine
reparti, j’essuie un bel orage de grêle.
St Anne d’Avray , cité patrie de la patronne de la Bretagne,
jean Paul II, est venu en pèlerinage, et maintenant C Bandiera.
Après Roseperen la route devient plus large et moins intéressante,
c’est dur.
20 h : Quimperlé, je craque , les genoux sont en feu, je m’arrête
et envisage l’abandon, téléphone à celle que
je pensais être une muse pour qu’elle vienne me chercher,
mais celle ci est trop occupée avec ses zâmis.
Après l’instant de déception, quelques gâteaux
avalés devant la pâtissière médusée,
la motivation reprend de plus belle, et je repars en costo, vers la Foret
Fouesnant, en avalant littéralement les bosses .
Arrivée à 21 h 15 enfin , content de ne pas avoir abandonné
tout de même, je suis accueilli par les 3 muses qui m’envoient
directement à la douche.
Retour
La Forêt Fouesnant – Redon
164 km
Mardi 7 mai
Après quelques soirées câlines,
mais pas coquines c’est le :
Départ de la Forêt Fouesnant à l’heure
du cidre , le ventre vide, angoissé, et effaré par l’attitude
de la dame aux camélias, je suis incapable d’avaler un bout.
Mais, par beau temps , vent du nord aidant, je longe un moment la côte
jusqu’à Pont Aven dans une bulle endorphinatoire.
Ensuite, me voilà parti vers les magnifiques petites routes étroites
de la campagne bretonne, par Plouay, où je passe
en solitaire la banderole du grand prix cycliste, et Redon.
Après la traversée de quelques belles forêts, où
le seul animal à cornes, c’est moi, je campe à Malestroit
près d’un relais de Tv 3 étoiles, sur une belle pelouse
rase, en pleine campagne, derrière le mur du bunker, « Royal
»
2 ème jour retour
Mercredi 8 mai 2002
Redon – Saumur
Jeudi 9 mai 224 km
Départ a 5 h 35 , dans la nuit noire, mais
patatraque Au bas d’une bosse , plantage du dérailleur dans
les rayons, qui s’éclate sur la départementale.
J’essaye avec l’aide de putains de bordels de D… de
reconstituer le puzzle, mais « ma cache ».
Après avoir rejoint Redon tant bien que mal à 9 h , chez
l’ami Edouard leclerc, bus 4 cafés , réparé
au plus pressé avec un dérive chaîne, grâce
à l’aide d’un cyclotouriste nous repartons sans dérailleur
vers les 11 heures , mais sans conviction aucune, l’abandon n’est
pas loin.
Malgré l’angoisse de ne pas aller plus loin, je parcours
avec grand plaisir cette belle campagne bretonne, magnifiquement entretenue.
Petit à petit j’en oublie que je suis en pignon fixe.
Après avoir à nouveau passé le pont, sur la Loire,
c’est de nouveau l’aventure, dans les vignobles de l’Anjou,
et cette fois ci avec beaucoup plus de plaisir, d’autant plus, que
le vent souffle dans le dos pour une fois .
Nous plantons la tente, au bord du fleuve, juste après Saumur,
que nous ne visitons pas bien sur, mais mes pensées vont vers la
belle Annie, une muse des temps jadis.
3ème jour Retour
Saumur—Berry
Jeudi 9 mai 2002 254 km
Concert de chant d’oiseaux,
sous la brume et une pluie fine., direction Chinon, le long de la Loire
un bon moment , vent dans le dos , et de coté , le départ
est en fanfare.
A 15 h , un arrêt dans un petit bistrot du Berry, afin de prendre
un bon repas , s’impose urgemment.
Au menu : jarret, légumes et pinard . “ ça fait du
bien .. ”
Loches, joli, mais pas le temps de m‘arrêter, une autre fois,
c’est promis, je pose quand même le pied à terre quelques
secondes afin de demander de l’eau à une brave dame.
Ensuite j’aborde de jolies routes, mais la progression est assez
pénible en raison du mauvais revêtement.
C’est alors un beau pays de bocage, de forets et de champs de colza.
Le passage par un chemin vicinal, un petit hameau magnifique à
la sortie d’une foret de chênes, me renverse vraiment d’émotions,
sisi c’est vrai, un cycliste ça pédale, mais ça
s’émeut .
Je traverse Epineuil, ou se trouve l’école
du grand Meaulnes , me rappelant quelques souvenirs du lycée.
4 ème jour Retour
Vendredi 10 mai 2002.
Cosnée sur Allier – La Dombes
Cosnée sur l’allier, il a plu toute
la nuit, mais je prends le départ à 5 h 50 sous un ciel
de plomb, qui se dégage progressivement dans la brume, et de jolis
paysages tous verts , avec comme seule compagnie, celle des mojons.
ST Pourcain , arrêt pipi, soins et lavage , vue sur les monts du
Lyonnais, les premières montagnes depuis la côte : ça
commençait à me manquer.
Je roule quelques kilomètres sur la Route nationale 7 , équipée
d’une belle bande cyclable, vent de face , annonciateur de pluie,
car tout le monde cycliste sait que quand le vent souffle du sud, la pluie
devrait suivre.
Je quitte la RN, pour à nouveau, de petites routes désertes,
à relief bosselé, dans un décor de verdure, sous
la menace de gros nuages noirs dans le fond.
5 ème jour Retour
11 mai 2002.
Cosnée sur Allier – La Dombes
De nuit, la Dombes, est magique
sous les encouragements des grenouilles, l’avancée est donc
tranquille et apaisante dans la nuit noire et calme.
C’est étonnant mais c’est vraiment un plaisir immense
de rouler ainsi de nuit, dans la solitude.
La Savoie est atteinte par la route classique, sans soucis,
même si la fameuse côte des Creuses est difficile en pignon
fixe.
Annecy est revue, la piste cyclable, puis Faverges enfin , ouf.