Récits de randonnées : Randonnée vélo vers le sud

La route du Sud en passant par la belle plaine du Bugey

Ou " Qu'est ce qui fait pédaler Belfiol " ?

28-1-2006 maj 23-02-2016 Claude Bandiera

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La route du Sud en passant par la belle plaine du Bugey 2004

Casqué , certes je le suis, mais si cet accessoire peut me sauver la vie en quelques circonstances, présentement il me la pourrit.
Vais je mourir de chaleur sous cette chape de polystyrène ?.
Par cette chaleur lourde, le col de Leschaux d’habitude si aisé, est difficile ; à cause du temps, de plus en plus orageux.
Mais néanmoins Aix les Bains est atteinte par cette belle pénéplaine des bauges.
Apres avoir longé le lac cher a Lamartine, me voici à Artemare au pied du massif du Bugey , la route grimpe désormais par une rampe assez rude, mais dans un décor bucolique et loin de l’agitation des vacances. « Tiens quelques gouttes bienfaitrices » commencent à tomber sur ce col de la Lebe, assez difficile finalement.
Enfin Arrivé à Hauteville, quelques bières aidant, à l’heure du souper des anciens, civilités et mimis, et me voilà reparti sur ce plateau désert et sous l’orage qui gronde.
Carlier, un joli arrêt de bus en bois fraîchement peint, semble avoir été prévu pour nous deux. La pluie puis l’orage pétouillent, la place du village est donc déserte , la nuit sera calme sous l’orage.
Un œil au tachymètre avant de prendre possession du banc : « 125 km » cet après midi ».


2eme jour : Du plateau du Haut Bugey , à la vallée du Rhône.

De réveil matin, nul besoin, la douce pluie ayant cessé, le clocher sonne à 5 h 30 sur la place du village encore calme.
Le départ est tout simplement fantasmagorique lorsque la brume déchire le ciel sous mes roues.
Apres avoir tapé dans les graisses et sur la colonne , c’est l’œil glauque mais les jambes légères que nous descendons très prudemment dans la plaine de l‘Ain par Varet , chez la tatan « dedée », chère à Annie, la belle callipyge de Frangy.
Il est encore tôt , lorsque nous tangeantons Perouges, déserte.
Cette fois ci nous visitons rapidement ce joli village médiéval, d’autant plus religieusement que les marchands du temple dorment encore.
Dans la plaine de l’Ain, non encore balayée par le vent, le ciel se déchire langoureusement de l’orage de la nuit, « je suis bien « .
Nous contournons soigneusement Lyon et la Curly, par Trevoux , Anse ; sur la Rn 6 déversant son flot ininterrompu de producteur d’ozone, puis Charbonnières.
L’avant pays des monts du lyonnais est beau et riche comme mon tailleur.
Je n’ai encore rien mangé, c’est pourquoi un petit arrêt casse croûte au sud de la capitale des Gaules, est le bienvenu.
Quelques bières et gauloiseries plus tard, il faut bien repartir malgré les soupirs de Fanny et Geneviève

.
C’est le cœur lourd comme le temps , puis après quelques rond points de travers, que je réussi enfin à longer les bords du Rhône par Vernaison, Givors, désertées par l’émigration de ses habitants vers le grand sud.

La route nationale, 86 , de son prénom, n’est pas à proprement parlé un paradis pour les cyclo- touristes , elle s’apparente plutôt à du maso-tourisme, mais les bords du Rhône sont cependant mignons, toutes guinguettes dehors, les coteaux abrupts résonnant de jolis noms : « Côte rôtie, Ampuis, Condrieu, St joseph , sont autant de doux noms qui me donnent le vin à la bouche.
Mais de libations, il n’en ai pas question, quelques bières suffiront présentement.
Pour cette soirée, nous nous embourgeoisons Fanny et moi, dans un joli camping trois étoiles surplombant la route, et … le chemin d’enfer.
208 malheureux kilomètres au compteur par cette chaleur.


3 eme jour Sarras – Castellane par le Diois

Bercé toute la nuit par les « Paris Avignon et machin choses ».
Il est 5 h 30 , lorsque, exaspérés par tant de marchandises, nous décidons enfin de lever le camp dans une pénombre totale, d’autant plus que ma luciole est en grève.
La Route des vacances encore calme me permet d’atteindre sans encombre Tournon , ou livreurs et travailleurs sirotent leur café en me toisant d’un œil concupiscant.
La plaine du Rhône est magique dans la nuit , le fleuve bordé de lumières, le ciel mauve, annoncent petit a petit l’arrivée de l’astre.
Au loin le Vercors détache ses contours tel une immense ombre chinoise, puis c’est soleil rouge : L’instant magique et endorphinatoire , me vaut une érection, n’en déplaise à Fanny.
Seuls les randonneurs, les lèves tôt, les travailleurs de l’ombre ont ce privilège de sentir le jour se lever : « je suis en vie ; c’est merveilleux »
Sur la place de ST Peray tranquille, Marcel juge , n’a pas encore ouvert sa boutique de vente de Cornas.
Les douceurs du matin sont bel et bien terminées, passé Valence et le pont sur le fleuve, le vent se meut de face, le salopard.
Crest enfin après une route de plaine plus propice à compter les tours de compteurs, qu’a admirer le paysage malgré le soleil levant.
Je marque quand même un petit déjeuner bien mérité à Aouste sur sye dans l’habituel bistrot, tenu, non pas par callipyge, mais sa très lointaine cousine, ses tartines étant tellement bien beurrées.
La vallée de la clairette est belle et ponctuées de quelques beaux villages , malgré le vent de face et les automobiles et camions aux fesses.
Après une maigre, trop pingre dégustation de clairette à la cave de Jaillance , non repartons vers le fond de cette vallée, en faux plat montant , toujours angoissé par la circulation dantesque.
La végétation est relativement sèche, mais malgré tout la drome en contrebas de nos roues, verdoie de plaisir, grâce aux pluies orageuses de ces derniers jours.

Col de Cabre enfin, Fanny se redresse, si l’allégorie est trop facile, le col lui, bien que peu pentu, est douloureux.
Et oui : « P=mg », comme disait mon professeur de physique .
Epuisé, assoiffé, asséché même, en hypoglycémie, voir, potame, après 25 ans, me voici a nouveau sur ce joli col , à la bascule de la Provence.
Le casse croûte , et la cuisse de canard seront avalés prestement entre trois bières et une miche , quand a celles de la serveuse, les forces me manquent..
La différence de température est saisissante, car après les premiers hectomètres, une forte chaleur monte du sol.
Mais voici à nouveau la route des vacances, celle de l’enfer pour les assoiffés de paradis.
Fesses , sacoches et mâchoires serrées, nous atteignons enfin, tel deux galériens Sisteron. ou j’aperçois la fameuse citadelle après le nième passage en ces lieux.
Il ne faut plus traîner par ici, car la soirée s’annonce déjà, pas question de repas, « Tasi et pedale », .
Les petites routes dégotées par Fanny, sur Michelin, sont belles, très belles, les cigales qui semblent nous encourager, finissent par se moquer.
La nuit tombe doucement à présent, il faut enfiler mes habits de lumière, et heureusement la circulation automobile tombe également.
A présent bercé par le doux filet d’eau qui coule encore sur le Buech et puis par les grillons , l’avancée devient magique, endorphinatoire malgré l’orage qui gronde de plus en plus près.
Mais de capote nul besoin, quelques gouttes passent et l’orage s’en retourne.
L’assaut final, avant l’arrivée au bistrot du col , programmé depuis ce matin est enfin la.
7 km de pente raides a avaler en guise de somnifère.
La nuit est douce, la nuit est calme, magique, seuls quelques grillons insomniaques m’accompagnent
Ma luciole zigzague devant moi, mais ici point de terrains à construire dans cette garrigue et parmi ces rochers
La clue du loup est la, mais la bête du gresivaudan avance cependant.
« Au temps suspend ton vol », et Fanny cesse quelques instants sa pédalée, tous feux éteints : l’instant est magique « Deuxième érection ».
Han, han, han, le col, est la , devant, je devine en effet son échancrure entre ces deux rochers.
22 h 30 Laurent le tenancier du bistrot du col s’affaire encore avec ses derniers clients
Repas et repos du guerrier bien mérite après 270 km


4eme et 5eme jour : Périgrénations en Verdon et repos du guerrier

Ces journées seront consacrées à flâner à Castellane la belle provençale , puis aux abords des gorges du Verdon, des lacs barrages de Castillon aux eaux turquoises, à renvoyer celui d’Annecy à de pales couleurs..
Malgré le vent , 110 kilomètres seront parcourus quand même afin d’éviter la phlébite.


Retour Castellane Faverges par le Trièves 331 km

Le col des Leques dort, la descente abordée très prudemment est cependant sujet à quelques soucis : pas les bons appuis, sacoches de travers, ennuis gastriques, lumière arrière défaillante, le repos ne vaut rien au guerrier.
Mais la circulation, le petit jour, la fraîcheur, rendent cette équipée agréable, dans un silence quasi absolu.
J’aborde à présent la désormais jolie route dans la chênaie de Mazel , cette voie est magique, petits oiseaux, chênes pédonculés, fraîcheur du matin alors que le soleil se lève sur Digne, tout contribue à la production des fameuses endorphines.
En effet : délires , rires, parlotes à voix haute, étonnent les rares indigènes et cyclistes que je croise, bien que ces cyclards soient moins volubiles que moi.

Mais toute les bonnes choses ont une fin, et me voici bientôt à Sisteron après avoir longé la Durance et ses canaux bienfaiteurs descendus droits des Alpes.
La circulation devient très intense , c’est l’enfer , accentué par un vent défavorable en faux plat montant.
Malgré tout après moult pédalées, le Dévoluy magnifique et le col de lus la croix haute sont bien la. Apres une descente très rapide, le parcours est une succession de faux plats et raidards assassins en vue du Trieves et de l’impressionnant Mont Aiguille
Apres Monestier de Clermont, qui se dote d’une rocade salutaire, la descente bienvenue sur Grenoble me permet de récupérer sagement et surtout d’admirer la fantasmagorique barrière du Vercors : »Hallucinant, voir déprimant «
Je tente avec succès et à l instinct une variante campagnarde me menant à Vizille.
Un petit tour de ville inopiné à la recherche des sensations passées, puis Uriage et la plaine du Gresivaudan, fidèle à sa chaude réputation.
Le chemin des écoliers est à présent assez pénible car trop connu et toujours agrémenté du même vent de face.
Albertville , la nuit noire et ma lumière arrière défaillante m’angoissent terriblement malgré mes habits de lumière.
Cependant les ténèbres n’ont pas encore voulu de moi, puisque c’est à 23 h malgré la roue arrière à plat que je dors enfin en Favergie dans un lit douillet