La route du Sud en
passant par la belle plaine du Bugey 2004
Casqué , certes je le suis, mais si cet accessoire
peut me sauver la vie en quelques circonstances, présentement il
me la pourrit.
Vais je mourir de chaleur sous cette chape de polystyrène ?.
Par cette chaleur lourde, le col de Leschaux d’habitude si aisé,
est difficile ; à cause du temps, de plus en plus orageux.
Mais néanmoins Aix les Bains est atteinte par cette belle pénéplaine
des bauges.
Apres avoir longé le lac cher a Lamartine, me voici à Artemare
au pied du massif du Bugey , la route grimpe désormais par une
rampe assez rude, mais dans un décor bucolique et loin de l’agitation
des vacances. « Tiens quelques gouttes bienfaitrices » commencent
à tomber sur ce col de la Lebe, assez difficile finalement.
Enfin Arrivé à Hauteville, quelques bières aidant,
à l’heure du souper des anciens, civilités et mimis,
et me voilà reparti sur ce plateau désert et sous l’orage
qui gronde.
Carlier, un joli arrêt de bus en bois fraîchement peint, semble
avoir été prévu pour nous deux. La pluie puis l’orage
pétouillent, la place du village est donc déserte , la nuit
sera calme sous l’orage.
Un œil au tachymètre avant de prendre possession du banc :
« 125 km » cet après midi ».
2eme jour : Du plateau du Haut Bugey , à la vallée du Rhône.
De réveil matin, nul besoin, la douce pluie
ayant cessé, le clocher sonne à 5 h 30 sur la place du village
encore calme.
Le départ est tout simplement fantasmagorique lorsque la brume
déchire le ciel sous mes roues.
Apres avoir tapé dans les graisses et sur la colonne , c’est
l’œil glauque mais les jambes légères que nous
descendons très prudemment dans la plaine de l‘Ain par Varet
, chez la tatan « dedée », chère à Annie,
la belle callipyge de Frangy.
Il est encore tôt , lorsque nous tangeantons Perouges, déserte.
Cette fois ci nous visitons rapidement ce joli village médiéval,
d’autant plus religieusement que les marchands du temple dorment
encore.
Dans la plaine de l’Ain, non encore balayée par le vent,
le ciel se déchire langoureusement de l’orage de la nuit,
« je suis bien « .
Nous contournons soigneusement Lyon et la Curly, par Trevoux , Anse ;
sur la Rn 6 déversant son flot ininterrompu de producteur d’ozone,
puis Charbonnières.
L’avant pays des monts du lyonnais est beau et riche comme mon tailleur.
Je n’ai encore rien mangé, c’est pourquoi un petit
arrêt casse croûte au sud de la capitale des Gaules, est le
bienvenu.
Quelques bières et gauloiseries plus tard, il faut bien repartir
malgré les soupirs de Fanny et Geneviève
.
C’est le cœur lourd comme le temps , puis après quelques
rond points de travers, que je réussi enfin à longer les
bords du Rhône par Vernaison, Givors, désertées par
l’émigration de ses habitants vers le grand sud.
La route nationale, 86 , de son prénom, n’est
pas à proprement parlé un paradis pour les cyclo- touristes
, elle s’apparente plutôt à du maso-tourisme, mais
les bords du Rhône sont cependant mignons, toutes guinguettes dehors,
les coteaux abrupts résonnant de jolis noms : « Côte
rôtie, Ampuis, Condrieu, St joseph , sont autant de doux noms qui
me donnent le vin à la bouche.
Mais de libations, il n’en ai pas question, quelques bières
suffiront présentement.
Pour cette soirée, nous nous embourgeoisons Fanny et moi, dans
un joli camping trois étoiles surplombant la route, et …
le chemin d’enfer.
208 malheureux kilomètres au compteur par cette chaleur.
3 eme jour Sarras – Castellane par le Diois
Bercé toute la nuit par les
« Paris Avignon et machin choses ».
Il est 5 h 30 , lorsque, exaspérés par tant de marchandises,
nous décidons enfin de lever le camp dans une pénombre totale,
d’autant plus que ma luciole est en grève.
La Route des vacances encore calme me permet d’atteindre sans encombre
Tournon , ou livreurs et travailleurs sirotent leur café en me
toisant d’un œil concupiscant.
La plaine du Rhône est magique dans la nuit , le fleuve bordé
de lumières, le ciel mauve, annoncent petit a petit l’arrivée
de l’astre.
Au loin le Vercors détache ses contours tel une immense ombre chinoise,
puis c’est soleil rouge : L’instant magique et endorphinatoire
, me vaut une érection, n’en déplaise à Fanny.
Seuls les randonneurs, les lèves tôt, les travailleurs de
l’ombre ont ce privilège de sentir le jour se lever : «
je suis en vie ; c’est merveilleux »
Sur la place de ST Peray tranquille, Marcel juge , n’a pas encore
ouvert sa boutique de vente de Cornas.
Les douceurs du matin sont bel et bien terminées, passé
Valence et le pont sur le fleuve, le vent se meut de face, le salopard.
Crest enfin après une route de plaine plus propice à compter
les tours de compteurs, qu’a admirer le paysage malgré le
soleil levant.
Je marque quand même un petit déjeuner bien mérité
à Aouste sur sye dans l’habituel bistrot, tenu, non pas par
callipyge, mais sa très lointaine cousine, ses tartines étant
tellement bien beurrées.
La vallée de la clairette est belle et ponctuées de quelques
beaux villages , malgré le vent de face et les automobiles et camions
aux fesses.
Après une maigre, trop pingre dégustation de clairette à
la cave de Jaillance , non repartons vers le fond de cette vallée,
en faux plat montant , toujours angoissé par la circulation dantesque.
La végétation est relativement sèche, mais malgré
tout la drome en contrebas de nos roues, verdoie de plaisir, grâce
aux pluies orageuses de ces derniers jours.
Col de Cabre enfin, Fanny se redresse, si l’allégorie
est trop facile, le col lui, bien que peu pentu, est douloureux.
Et oui : « P=mg », comme disait mon professeur de physique
.
Epuisé, assoiffé, asséché même, en hypoglycémie,
voir, potame, après 25 ans, me voici a nouveau sur ce joli col
, à la bascule de la Provence.
Le casse croûte , et la cuisse de canard seront avalés prestement
entre trois bières et une miche , quand a celles de la serveuse,
les forces me manquent..
La différence de température est saisissante, car après
les premiers hectomètres, une forte chaleur monte du sol.
Mais voici à nouveau la route des vacances, celle de l’enfer
pour les assoiffés de paradis.
Fesses , sacoches et mâchoires serrées, nous atteignons enfin,
tel deux galériens Sisteron. ou j’aperçois la fameuse
citadelle après le nième passage en ces lieux.
Il ne faut plus traîner par ici, car la soirée s’annonce
déjà, pas question de repas, « Tasi et pedale »,
.
Les petites routes dégotées par Fanny, sur Michelin, sont
belles, très belles, les cigales qui semblent nous encourager,
finissent par se moquer.
La nuit tombe doucement à présent, il faut enfiler mes habits
de lumière, et heureusement la circulation automobile tombe également.
A présent bercé par le doux filet d’eau qui coule
encore sur le Buech et puis par les grillons , l’avancée
devient magique, endorphinatoire malgré l’orage qui gronde
de plus en plus près.
Mais de capote nul besoin, quelques gouttes passent et l’orage s’en
retourne.
L’assaut final, avant l’arrivée au bistrot du col ,
programmé depuis ce matin est enfin la.
7 km de pente raides a avaler en guise de somnifère.
La nuit est douce, la nuit est calme, magique, seuls quelques grillons
insomniaques m’accompagnent
Ma luciole zigzague devant moi, mais ici point de terrains à construire
dans cette garrigue et parmi ces rochers
La clue du loup est la, mais la bête du gresivaudan avance cependant.
« Au temps suspend ton vol », et Fanny cesse quelques instants
sa pédalée, tous feux éteints : l’instant est
magique « Deuxième érection ».
Han, han, han, le col, est la , devant, je devine en effet son échancrure
entre ces deux rochers.
22 h 30 Laurent le tenancier du bistrot du col s’affaire encore
avec ses derniers clients
Repas et repos du guerrier bien mérite après 270 km
4eme et 5eme jour : Périgrénations en Verdon et repos du
guerrier
Ces journées seront consacrées
à flâner à Castellane la belle provençale ,
puis aux abords des gorges du Verdon, des lacs barrages de Castillon aux
eaux turquoises, à renvoyer celui d’Annecy à de pales
couleurs..
Malgré le vent , 110 kilomètres seront parcourus quand même
afin d’éviter la phlébite.
Retour Castellane Faverges par le Trièves 331 km
Le col des Leques dort, la descente abordée très
prudemment est cependant sujet à quelques soucis : pas les bons
appuis, sacoches de travers, ennuis gastriques, lumière arrière
défaillante, le repos ne vaut rien au guerrier.
Mais la circulation, le petit jour, la fraîcheur, rendent cette
équipée agréable, dans un silence quasi absolu.
J’aborde à présent la désormais jolie route
dans la chênaie de Mazel , cette voie est magique, petits oiseaux,
chênes pédonculés, fraîcheur du matin alors
que le soleil se lève sur Digne, tout contribue à la production
des fameuses endorphines.
En effet : délires , rires, parlotes à voix haute, étonnent
les rares indigènes et cyclistes que je croise, bien que ces cyclards
soient moins volubiles que moi.
Mais toute les bonnes choses ont une fin, et me voici bientôt
à Sisteron après avoir longé la Durance et ses canaux
bienfaiteurs descendus droits des Alpes.
La circulation devient très intense , c’est l’enfer
, accentué par un vent défavorable en faux plat montant.
Malgré tout après moult pédalées, le Dévoluy
magnifique et le col de lus la croix haute sont bien la. Apres une descente
très rapide, le parcours est une succession de faux plats et raidards
assassins en vue du Trieves et de l’impressionnant Mont Aiguille
Apres Monestier de Clermont, qui se dote d’une rocade salutaire,
la descente bienvenue sur Grenoble me permet de récupérer
sagement et surtout d’admirer la fantasmagorique barrière
du Vercors : »Hallucinant, voir déprimant «
Je tente avec succès et à l instinct une variante campagnarde me
menant à Vizille.
Un petit tour de ville inopiné à la recherche des sensations
passées, puis Uriage et la plaine du Gresivaudan, fidèle
à sa chaude réputation.
Le chemin des écoliers est à présent assez pénible
car trop connu et toujours agrémenté du même vent
de face.
Albertville , la nuit noire et ma lumière arrière défaillante
m’angoissent terriblement malgré mes habits de lumière.
Cependant les ténèbres n’ont pas encore voulu de moi,
puisque c’est à 23 h malgré la roue arrière à
plat que je dors enfin en Favergie dans un lit douillet
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