Chaud , il fait chaud, pas
les bons appuis, la circulation très intense, en cet après
midi de mai, c’est peut être pour cette raison que la biomécanique
de mon corps refuse de tourner rond sur la route de la combe de Savoie,
par Aiton, Coise, Montmélian, Chambéry, à moins que
ce ne soit mon quasi quintal qui me freine.
Malgré tout, la capitale savoyarde est atteinte , les choses assez
sérieuses par le col de Couz et les Echelles et enfin les petites
routes tranquilles du nord Isère, après cette débauche
de vroum vroum.
Mais trêve de pétarades, le col des mille martyres le bien
nommé, que je grimpe pour la deuxième fois en ma glorieuse
carrière, est difficile à compter les pas. et tours de pédales,
mais tellement beau et calme, quasi aphrodisiaque, dans cette verdure
mise en relief par la lumière rasante du soleil couchant.
C’est beau, beau, que c’est beau, c’est le paradis vert
dans cet enfer de lactates.
La plongée sur Saint Geoire en valdaine, sans une automobile pour
rompre cette belle harmonie est carrément jouissive.
A peine le temps de toiser de belles maisons, de belles pierres,et il
se fait tard, c’est l’heure de trouver un dodo.
Je m’enfonce subrepticement dans un petit chemin, une clairière,
la route en contrebas, un beau tas de fumier, c’est parfait, nous
bivouaquons dans cet endroit paradisiaque.
La demeure prestement montée, quelques massages,
et hop, sous la couette , le repas étant une fois de plus tiré
des graisses.
Réveillé par le bruit des voitures et le soleil levant,
c’est par une belle rosée que je continue à parcourir
le joli nord Isère par Chirens, Le grand lemps, la Cote saint André,
où les pinsons, chantent en l’honneur d’Hector.
Après quelques bosses assassines, ma carte dégotte de belles
départementales tranquilles, « oui ça existe encore
», menant à Vienne la romaine
Il est 10 heures, la cité est encore tranquille, mais à
peine passé le pont sur le Rhône, se dresse sous nos roues,
le col de la croix régis, dans les monts du lyonnais ,
Ce paysage, vent de face, est certes magnifique, mais difficile, trop
difficile, d’autant plus que comme d’habitude il me faut taper
dans les graisses.
Le sommet enfin sur cette route râpeuse, est l’occasion de
bavarder avec quelques cyclos qui causent eux.
Consternation « T es le fils a qui toi ?. », « t’es
d’ou ?» me demandent t ils ».
« Chu d’Annecy », « ah t’es parti y a 4
jours », « non ce matin », répons je un peu cacou
et menteur. Admiration.
Revigoré, en quelques pédalées lourdes, je rentre
à Rive de giers par une chaleur à me faire boire deux bières
et un arrêt au restaurant..
Après les montagnes russes et quelques siestes méritées,
dans ces monts du Lyonnais, verts de beauté, voici enfin Chazelle
sur Lyon , la capitale des chapeaux, apprends je.
Pour les chapots ça va bien de se côté la j’en
ai porté une durant 18 ans.
L’orage grogne et pète sur les monts d’auvergne, c’est
pas le moment d’aller y faire le mariol.
Je profite de la grande plaine de Feurs, pour lézarder, musarder
car les monts d’Auvergne, sont bien là, d’autant plus
qu’après Boen : changement de rythme, de décor, ça
grimpe très dur, mais la route est déserte et le décor
phantasmagoriquement vert, puis jaune de genêts.
L’Auvergne: enfin, la vraie.
C’est beau, et reposant malgré l’intensité
de l’effort, et n’en déplaise à Fanny.
Saint Georges de Couzon enfin, un village , 21 heures, un vieux bistrot.
« Patron deux mousses. », « voilà ! t’es
d’ou toi ?» me réponds t il en me toisant d’un
air concupiscant.
Le quidam m’indique malgré tout la pelouse de la poste comme
beau lieu de bivouac.
Un peu secoué par les bières et la cote finale, c’est
dans l’obscurité que j’installe brinquebalant, ma demeure.
3eme jour Les monts d’Auvergne et l’arrivée
chez Neyrial
C’est désormais une habitude, le
départ est à 6 heures sous le champ du coq, et des gallinacés
qui semblent rivaliser d’expectorations tout au long de ce faux
plat dans ce désert vert.
« Mais les gallines assez chanter», ce n’est pas encore
gagné, l’Auvergne est belle, mais elle se mérite,
elle n’offre ses effluves qu’aux courageux qui prennent le
temps de l’humer, la regarder, pas aux ceux qui la parcourent encapuchonnés
dans leur limousine.
« Et la regarder », j’en ai largement le temps, dans
l’ultime assaut du col des loges, n’en déplaise aux
mojons antipathiques, qui me toisent.
Dans la descente extraordinairement verte et belle , c’est solitaire
que je prends un malin plaisir à musarder, et m’imprégner
complètement de ce paysage, je ne le regarde plus : je suis fondu
dans le décor.
Les habitations sont rares, mais quelques belles maisons de pierre sont
retapées avec goût.
Tout à coup , au détour d’une petite combe, une auberge
, non pas espagnole, mais auvergnate, une auberge, de nom, enfin, plutôt
: un taudis, tenu par une mémé et un pépé.
«N’ayant avalé que monts et côtes depuis une
journée, Fanny stoppe à l’auberge des chasseurs, afin
de faire couleur locale.
Dans cette maisonnette d’un autre temps, le petit déjeuner
en Auvergne c’est : » jambon, saucisson et chti canon ».
3eme jour Les monts d’Auvergne et l’arrivée chez Neyrial
C’est désormais une habitude, le départ est à
6 heures sous le champ du coq, et des gallinacés qui semblent rivaliser
d’expectorations tout au long de ce faux plat dans ce désert
vert.
« Mais les gallines assez chanter», ce n’est pas encore
gagné, l’Auvergne est belle, mais elle se mérite,
elle n’offre ses effluves qu’aux courageux qui prennent le
temps de l’humer, la regarder, pas aux ceux qui la parcourent encapuchonnés
dans leur limousine.
« Et la regarder », j’en ai largement le temps, dans
l’ultime assaut du col des loges, n’en déplaise aux
mojons antipathiques, qui me toisent.
Dans la descente extraordinairement verte et belle , c’est solitaire
que je prends un malin plaisir à musarder, et m’imprégner
complètement de ce paysage, je ne le regarde plus : je suis fondu
dans le décor.
Les habitations sont rares, mais quelques belles maisons de pierre sont
retapées avec goût.
Tout à coup , au détour d’une petite combe, une auberge
, non pas espagnole, mais auvergnate, une auberge, de nom, enfin, plutôt
: un taudis, tenu par une mémé et un pépé.
«N’ayant avalé que monts et côtes depuis une
journée, Fanny stoppe à l’auberge des chasseurs, afin
de faire couleur locale.
Dans cette maisonnette d’un autre temps, le petit déjeuner
en Auvergne c’est : » jambon, saucisson et chti canon ».
4eme jour Les endorphine enfin …
« Leone la sera , coglioni la mattina »
*) , mes carcassonnais, ne sonnent plus le clairon « sta matin »
(*).
6 h , dopé à l’insu de mon plein grès par les
effluves de chichon de mes voisins de chambrée, je suis le premier
à table, pour un petit déjeuner copieux.
La gérant sympa, me sert même en avance. « A t il détecté
Belfiol le cyclo fou de la Favergie ? », certes, mais il a du en
croiser des cyclos comme moi, vaccinés par un rayon de vélo
trempé dans la colle à rustines.
Je retrouve donc Fanny, toute guillerette, va savoir ce qu’elle
a fait cette nuit avec ces 25 vélos tout carbone.
Mais pour moi, cette journée sera marquée par un immense
« Plaisir solitaire et les endorphines enfin « ,
Dés la sortie d’Aubusson, une petite route forestière
mène à nouveau vers le col de Loges,.
La pente rude, avoisinant parfois les 12 % ; me laisse le temps de me
fondre à nouveau dans cette verdure déserte.
Occupant le temps comme je peux, mon petit cerveau croate, compte les
tours de pédales, et les véhicules « 14 en une heure
»..
Entre temps, je chante, parle en Italien à tu tête, me raconte
des histoires , et je ris, je ris de me sentir si beau dans ce paysage
Aucun doute je suis complètement shooté aux endorphines,
je souffre, mais je suis au nirvana des cyclos.
Le plaisir est il dans la souffrance ?, pas de doute je suis masochiste,
mais pas sado, ça non, je le jure .
Après cette longue procession, le col des loges enfin, dans le
brouillard, la descente s’effectuant sous une pluie battante.
J’enfile donc ma capote bleue, le ciel bleu d’Auvergne étant
caché par cette brume.
Inquiet de laisser Fanny avec tous ces vélos machos, je passe
malgré tout, une soirée animée avec un groupe de
cyclos de Carcassonne en goguette , qui sonnent en effet aux accents du
midi et du sud ouest.
Mais à 23 heures, alors que la fiesta bat encore son plein, je
monte me coucher dans les odeurs de chichon d’un groupe de soit
disant randonneurs.
Ayant marqué un bref arrêt sous un préau , je repars
vers Boen, dans la plaine du Lignon, sèche …
Mais c’est loin d’être de tout repos, car après
cette morne plaine, les monts du forez se présentent , à
priori faciles, mais l’avancée sur cette départementale
fréquentée par des fous ayant échappé aux
fourches caudines de Nicolas , vent de face, sur une route râpeuse
, n’est pas très agréable, malgré la beauté
de ces lieux.
Après avoir flirté avec l’agglomération de
Lyon, les monts du Beaujolais, traversé la fameuse nationale 7,
je bivouac à saint Vulbas , dans cette immense zone industrielle
au pied des monts du Bugey, à quelques encablures du surgénérateur
superpheinx.
5 eme jour Super Phénix et Super Belfiol en costaud
Réveillé par les douces effluves
de mes voisins , le fort vent froid du nord, nous voici prestement «
on the road again », Fanny et moi, sur la départementale
longeant les monts du Bugey et le Rhône.
Seuls quelques camés à la nicotine eux, arpentent violement
cette petite route.
Le vent est très violent dans cette plaine, mais le Rhône
est tellement beau, lui.
A Yenne, à gauche une petite route, vent du Nord, pleine face,
je n’ose même pas annoncer la vitesse.
Arque bouté sur Fanny, qui ne trouve pas meilleur moment pour crever
deux fois, me voici à Serrieres en chautagne.
Un groupe de couraillons du dimanche matin me double au pied de la bosse
de Motz.
Mais elle est à moi, cette côte messieurs, s’exclame
Fanny, qui se cabre la bougresse, c’est son coté cabot ça,
à Fanny.
Moi, je suis bien obligé de suivre, tel Jaja, je descend superstitieusement
deux dents , me dresse tel un jeune coq, et les plante les couraillons.
On a beau être cyclo, on est en pas moins vaniteux, la prochaine
fois ils diront « Bonjour Monsieur Belfiol , non mais… »
Mais un peu plus loin, je dois chausser les bottes à mandrin, pour
gagner Annecy , par Vallieres, Hauteville sur fier, Lovagny dans cet Albanais
d’une beauté qui n’a rien a envier à l’Auvergne.
Ça y est : j’aperçois, le Semnoz, la Tournette, la
neige, Annecy est encore la.
Je passe par la rue piétonne de la vielle ville, officiellement
afin d’éviter la côte de l’hôpital, mais
en fait pour vérifier si le galbe des biches locales est équivalent
à celui des biches des monts du Forez, car comme le dis si bien
Georges, « il en est parfois des biches , qui troquent leur beaux
cerfs pour des sangliers ».
Mais les belles d’Annecy m’ayant méprisé, je
rejoins prestement la piste cyclable, poussé par un fort vent c’est
sans soucis que j’en termine en Englannie, ventre a terre.
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