Récit de randonnée à VTT, un petit tour en direction de compostelle en 2004, du Gravel avant l'heure..
02-11-2004 maj 01-03-2013
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Pérégrinations
d’un Claudio sur les chemins de saint jacques
1er jour Faverges – Yenne 105 Km ;
La passenaille : Mars 2004
Reportage en images
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Direction
Saint pierre , non pas de Rome , mais de Faverges, nous voilà
donc partis, et c’est un baptême pour lui, Vélorectus
et moi, pour un bout du chemin de Saint jacques de Compostelle en ce
samedi 19 mars de l’an 2004 après jésus christ,
jour de la saint Joseph.
Pas de crédencial, ni de tampon officiel, mais une petite photo
devant l’église déserte à l’heure de
l’angélus.
C’est par le chemin des écoliers que nous atteignons Annecy sur cette piste cyclable abandonnée présentement par ses
déesses callipyges , le temps couvert, et le plafond bas, n’incitant
pas les sportifs à mettre un tutu dehors.
Seules quelques patineuses en RTT dandinent agréablement de ..
la tête , montées sur leurs patins.
Voici Annecy la belle , qui sommeille encore.
Puis la vielle ville déserte et coquette , le canal du Thiou.
Le départ officiellement balisé par le désormais
fameux sigle de la coquille , ça y est je suis au départ
à Cran Gevrier, près de l’église sainte Bernadette.
9 h , la pédalée souple mais déterminée,
le long du déversoir du lac, la montée vers Seynod, puis
la longue traversée de la rue du capitaine Anjot, est plus facile
qu’à pieds.
A près Maclamod commence
le véritable parcours campagnard , le terrain est boueux, à
cause des pluies de la nuit, la rude montée vers Lovagny est
éprouvante à pousser ma monture, puis par un enchaînement
de raidards et descentes techniques, devenues dangereuses,
Vallieres est atteinte a l’heure de l’apéritif par
cette campagne albanaise toutefois envoûtante et belle.
Le parcours du Val de fier est désormais plus tranquille sur
la route.
J’évite soigneusement la montée des 3 mulets pour
me défiler et emprunter les bottes à Mandrin.
Au pont sur le fier, ou le tachymètre indique 51.7 Kms à
13 h 45 exactement je rejoins enfin le célèbre GR 65 en
provenance de Genève.
Le chemin qui longe le Rhône langoureux , est beaucoup moins éprouvant
qu’à pieds , sur ces longs bouts droits dans la peupleraie.
C‘est l’occasion
de faire un brin de causette avec deux comtoises, un peu cabots , mais
qui m’indiquent la mauvaise direction : les bougres.
Chanaz, blotti au pied de la montagne, et s’étendant le
long du canal de Saviere, n’est pas encore infestée de
touristes.
Goujat, je refuse de lui offrir même un café à velorectus,
dans ce village magnifique certes mais trop huppé à mon
goût.
Fini la rigolade, la rude montée vers Jongieux, bien que magnifique
m’oblige à plusieurs reprises à m’arc-bouter
sur verectus : mais pas de soucis la bête a des ressources, et
des réserves.
Le chemin qui ne cesse de grimper et dégringoler dans les vignes
de jongieux est paradisiaque.
Les vignes à peine taillées, le temps orageux, donne une
atmosphère particulière à cet endroit.
Au sommet, ou trône la Chapelle , et une figurine représentant
le pèlerin, je me prosterne un instant devant cette délicate
attention du conseil général.
Pépié, je quémande à boire à deux
papis, qui entretiennent à cet endroit, le chemin.
Le second dit au plus jeune « donne lui donc à boire »,
celui ci m’offre sa bouteille de vin rouge coupée avec
du sucre, merci les gars, vous venez de sauver phacochère 1er,
le roi des imbéciles qui a oublié sa gourde sur la table
du salon.
La descente , empruntant un sentier raide , doit être
abordée à pieds la plupart du temps
Yenne enfin, mais la bouteille de vin s’est
évaporée.
Mais ou trouver de l’eau : facile , il suffit de dégoter
un cimetière, et d’ouvrir le portail, l’eau est en
principe à droite en entrant.
Ouf, bien vu belfiol
Désormais j’aborde la rude montée vers le mont Tournier.
Après une pause casse croûte et pomadin,
aux yeux de la vierge de la chapelle, le chemin n’en fini plus
de monter.
Que c’est dur : par une succession de poussettes et pédalées
, et ceci malgré une hypo sévère, je tombe sur
une magnifique clairière, dans ces bois à l’obscurité
inquiétante et envoûtante.
108 kms au tachymètre, bivouac sous la tente et mon
lafuma.
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Dimanche
20 mars : 2 eme jour Mont Tournier - Pomier de Beaurepaire 105 kilomètres
L’avant pays savoyard, le nord isere les terres froides. |
Apres une nuit
fraîche à danser avec les hiboux de la clairière
, alors que je pense en avoir enfin terminé avec la côte
: interminable , lancinante , dans les bois du mont Tournier, parfois
juché sur verectus, mais la plupart du temps à le pousser
, le bougre, l’assaut final est raide, d’autant plus que je
n’ai rien avalé depuis 16 heures hier.
S’il faut expier mes péchés de la sorte, et bien
ainsi soit il !
Puis la longue descente, au dessus du Rhône, parfois ludique,
puis chaotique, mais enfin sur la route, récompense et me réconcilie
avec verectus le brave.
A St Genis sur le guiers, il n’est pas question de gâteries,
ni même de gâteaux, mais un arrêt dans une épicerie
pour recharger les batteries s’impose .
Il suffit de passer le Guiers , et c’est Aoste, fi du jambon,
qui n’a rien d’Aoste l’italienne, mais une marque
purement industrielle,.
J’effectue quelques tours du rond point afin d’asseoir ma
réputation de champion des rotondes, tout en cherchant la balise
. Apparemment , c’est une coquille, puisqu’elle a disparu.
Ensuite le parcours est assez roulant, puisqu’il emprunte les
chemins et routes vicinales, ponctuées parfois de raidards particulièrement
assassins.
Au Grand Lemps, à l’instant où j’ai une pensée
pour une gendarmette méconnue de vous , mais que j’ai bien
trop connue, le parcours a la bonne idée de suivre la plupart
du temps les petites routes de la colline surplombant la plaine agricole
de la Bievre.
A la Côte st André, où Hector, boude toujours sa ville natale,
les oiseaux indigènes semblent reprendre ses symphonies.
Le cheminement continue encore et encore, la plupart du temps sur la
route, ce qui ne déplait pas du tout à vérectus.
A Faramans, où la nuit s’installe , je tente donc un arrêt
jacquaire.
« Hou hou, monsieur jacques , où êtes vous ? »,
après moult allégations , de petits cailloux jetés
sur la fenêtre allumée de la villa, pas de jacques.
Dommage, il faut donc reprendre la route : il fait maintenant bien sombre,
d’autant plus que de gros nuages noirs marquent l’horizon
au dessus des champs de betteraves.
Je tente Pomier de beaurepaire où le guide jacquot indique une
auberge, non pas espagnole ,d’autant plus que j'apprécie
particulièrement les spécialisées ibériques.
Mais à un Km du village, voici un nouveau bois : Velorectus,
qui a peur de l’obscurité , encore marqué par les
histoires que l’on racontait dans son enfance, refuse de s’y
engager.
Bivouac donc après 105 Kms , à l’orée
des bois de Faramans, le repas étant tiré des sacs : vide…
C’est donc le ventre plat que je passe une nuit agitée
à essayer de me chauffer les pieds.
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3 eme jour
Pomier de Beaurepaire – St julien Molin Molette : 47 lm
La vallée du Rhône, et les monts du forez. |
Le
réveil est plutôt difficile, le temps mitigé, et l’humidité
ambiante ainsi que la fraîcheur, n’incitant pas à la
balade bucolique.
Après avoir traversé doucettement Pomier à l’heure
de la rentrée des classes, où mon auberge iséroise
dort encore, me voici à nouveau, sur , voire dans , les chemins
de la campagne du nord isere.
Les chemins de la foret de Montersvroux, haut lieu d’une randonnée
VTT, sont boueux à souhaits.
A la sortie des bois, se présentent de belles vues sur la vallée
du Rhône et les réjouissances qui vont suivre pour atteindre
le plateau ardéchois.
Les côtes , sur des routes pourtant goudronnées sont horribles,
du jamais vu, 500 m a 20 %. : à pieds bien entendu.
Après une erreur de parcours sur le plateau avant Assieu, je suis
un peu perdu.
Mais heureusement, ou malheureusement dans une ancienne vie , je suis
passé par là.
je vise donc les fumerolles de la centrale atomique de Chavannay.
Après une suite de routes peu engageantes, qu ‘apprécie
cependant verectus , enfin le Rhône, avec qui je flirte depuis deux
jours, puis le village typique de la Loire : Chavanay et le début
de quelques côtes raides, abordées à pieds.
L’ avancée parmi les pêchers et le
vignoble de st joseph , sous un ciel noir d’encre , et les trouées
des rayons de soleil est jouissif.
L’orage cette fois ci menace , quelques grêlons caressent
mon visage de phacochère dormant les bras en croix au milieu des
vignes.
Vite poncho, une villa, je suis désespéré pour les
fleurs mauves des pêchers.
« Saint joseph , par jacques, pitié pour les vignes du seigneur
»
Mon vœu est exhaussé, merci Jacques pour avoir intercédé
auprès de Zeus.
La longue procession vers les monts du Forez continue,
ponctuée par quelques belles descentes dans de somptueux vallons,
de beaux ruisseaux aux eaux pas troubles , puisque la soif me pousse même
en consommer directement à la source.
A Saint Julien Molin Molette , que j’ai connu dans une vie antérieure,
je vise un gîte , une peu minable aux premiers abords, dans une
ancienne école, mais les hôtes, sont sympathiques.
La chambrée est petite mais le gîte bien que froid, est vide,
et le tarif intéressant, c’est donc voté, je reste…
J’ai le temps de faire le tour du bourg, joli , typique quoique
un peu désuet.
De vielles maisons en pierres , une ancienne usine désaffectée
depuis longtemps maintenant, témoignent d’un passé
industriel.
Le tourisme semble donner une seconde vie à cette commune de la
Loire , sinistrée |
4 eme jour
St julien molin molette – St Bonnet le froid
Le Forez
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Réveillé
par les miaous du miron de mes hôtes, 5 h du mat’ motivé
comme un jacques, le sac est prêt.
Je jette un œil furtif sur la ville, « par saint jacques : tempête
de neige ». « Bah ! c’est Saint joseph, qui jette
ses derniers copeaux, me dis-je »
Je me recouche donc en attendant que Jo cesse ses turpitudes ,
Mais si la pluie du matin n’arrête pas le pèlerin, qu’est
à dire de la neige du matin .
Je dirais « Neige du matin, pas malin de… prendre le chemin
» Et bien oui, pas futé le belfiol, poussé par verectus,
qui, léger sourire aux lèvres, est prêt au départ
Molin molin molin molette : 8 h rue de la montée des anges, la
bien nommée.
Vais je en enfer ou au paradis ? poussette durant un bon quart d’heure,
mais c’est jouissif, et aphrodisiaque dans ce paysage verdoyant,
sous les giboulées.
Col du banchet, il faut bâcher, la neige tombe drue cette fois ci
dans la descente vers Bourg Argental où le temps semble se calmer,
bien que la gente féminine des lieux grelotte.
« Le coton mesdames, le coton, pas le lycra .. »
C’est une jolie bourgade, typique : de belles demeures, je tente
quelques courses, une réparation chez un vélociste.
Mais quelques amibes tatillonnes me chatouillant le bas du ventre, je
dois trouver un bosquet discret, et vite.
Soulagé , nous repartons par le col du Tracol,
mais il faut quitter rapidement ce bel asphalte., pour un cheminement
parallèle.
Effectivement c’est magnifique. Par une succession de poussettes
et chevauchées, sur une ancienne voie de chemin de fer, complètement
déserte.
J’atteins Saint Sauveur le désert, puis une longue, très
longue ascension, sous une neige de plus en plus drue : la croix de celarier.
Si la montée, bien que longue ne m’a pas posé de
soucis, la descente elle sera aux enfers.
En effet le vent qui souffle en tempête près des Setoux ou
verectus a la bonne idée de crever , a glacé mes mains,
et surtout mes pieds.
Les patins de freins se nomment désormais « feu patins »,
à cause de la glace abrasive.
C’est donc le pied beau, mais gelé que je me retrouve quelque
part sur le plateau de je ne sais où, à la croisée
du chemin et d’une route.
Que faire, continuer, abandonner, mais allez ou, à droite à
gauche ?
Il faut prendre la bonne décision et vite, car nous allons finir
en gel de vélo, verectus et moi.
Et bien que des traces de pas sont dessinées sur la neige, je ne
veux pas imiter ce pèlerin qui doit me précéder,
j’ai un vélo à assumer, et comme il m’a bien
aidé , je dois le ramener vivant.
Apres le quart d’heure auvergnat, je décide de rejoindre
, peut être un village, allez , je le sens bien à gauche,
c’est la que je vote en principe.
Quelques kilomètres plus loin, sur la route peu enneigée,
un hameau, .. désert, mais une pancarte indique «
Saint Bonnet le froid 11 Kilomètres » , si on m’avait
indiqué saint bonnet le chaud, je n’aurais pas cru.
2 heures pour parcourir ces 11 kms avec parfois des congères de
neige, de 20 cm
C’est l’heure du thé à Saint Bonnet, drin drin
donnez moi madame si vous plait un peu de chaleur
La dame qui n’a cependant rien d’une belle vénale «
Oui c’est 11,5 euros la nuit, câlins non compris. »
Le gîte est parfait, chambres douillettes, confortable et propre,
avec un coin cuisine.
Après avoir soutenu l’économie locale dans l’épicerie
du coin, et une descente de côtes du Rhône plus loin, je récupère
sagement dans ma chambrette , faisant fi de la tempête de neige,
que j’admire à travers les carreaux
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5 eme jour
arrêt du périple st bonnet le froid – St Etienne de
st geoirs
Le plateau ardéchois, la vallée du Rhône et la bievre
St Bonnet le froid - Annonay
Andance st Etienne de St Geoirs
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Après une nuit
dans le calme, mais très agitée à cause de la mauvaise
literie , et certainement de la fatigue, mes habits sont propres et séchés
sur le radiateur de la chambre, j’ose un œil à travers
les carreaux embués.
Temps de loup : « c est la tempête de neige »
Envolé donc le dernier espoir de rejoindre malgré tout le
Puy par la route, à 58 kms.
Je vais faire un tour du côté du bistrot du village afin de
d’essayer de tirer quelques infos des indigènes.
Au troquet du coin, ou quelques travailleurs du village, oublient le
temps autour de quelques blancs limés, le tenancier sympa comme
ses vielles pierres, me donne des fausses informations.
« T’as raison pépère fou toi de ma g , je vais
te faire de la pub moi.. »
ST régis, patron des lieux me conseille donc d’engager la
descente vers la vallée du Rhône.
Si, sur la route enneigée, les camions restent bloqués dans
l’attente du chasse neige, moi avec mon petit vélo, même
si j ai l’air d'un con, je passe.
J’entame donc la descente dans la neige durant 6 Kms ; cela ne serait
pas trop un problème si mes patins de frein n’étaient
pas complètement usés.
Ce sont donc mes deux adidas qui feront office de patinettes.
Après Annomay où je passe plus d’une heure au remplacement
de mes patins de frein il faut endurcir une ultime remontée vers
Davezieux, très animée dans cette zone industrielle.
Puis c’est une belle plongée sur st Désirat et Andance.
Plus de trace de neige, mais un vent glacial, comme sait l’engendrer
la vallée du rhône.
A midi, je tape dans les graisses, mais a 14 h : Manthes, voyant «
11 » , affiché sur la porte d’un bistrot de campagne
, verectus plante les patins.
« J’ai faim moi dis donc »
Le menu bien que non gastronomique, espérons qu’il n’engendrera
pas de gastro lui, comme l’eau du Forez.
Allez vous n’allez pas y échapper , afin de plagier les
récits de voyages que j’ai lu, je vous fais un pseudo guide
micheline.
On a mangé donc : pour 11 euros
• Poireaux vinaigrette
• Sauté de veau (à profusion)
• Riz (à profusion)
• Mousse au chocolat
• Fromage
• Café
• Vin « le Bienvenu » au tonneau
Bien que la serveuse semble un peu stressée, il est quatorze heures
tout de même , et un client de plus , vient l’importuner.
Le patron, un tonneau débonnaire m’indique que la corriera
della sera part de Beaurepaire .
« Allez erectus assez riz », il nous faut grimper dans la
diligence.
A st etienne de st Geoirs, ouf, à 5 minutes près, nous y
sommes.
Verectus saute dans la soute, et moi, près du chauffeur, parmi
le peuple, subventionné par le conseil général de
l’isère .
18h 20 en gare non pas de Sète, pour le terminus, mais de Grenoble.
« Mais p. verectus grouille » , le TER part à 18h 23
pour Hanis
Des flics partout, le train a la bonne idée d’avoir 10 minutes
de retard. Merci les alerteurs à la bombe, à moins que ce
ne soit st jacques lui même, qui ait Compostelle ce numéro.
Verectus saute entre deux wagons, sous les yeux indifférents du
contrôleur.
Ouf ! dans le train verectus et moi pas fiers, un beau black, qui plairait
à Colette : C’est un massai de 2 m.
Gentil, gentil le monsieur.
Nous ne sommes pas des lions nous .
Le train arrive sans encombre en gare d’Annecy
à 20 heures 30
Il ne me reste plus qu’à pédaler tranquille, avec
jouissance sur la piste cyclable noire, tous feux éteints bien
sur, sécurité oblige. |