Bâteau de course à Port Valais en 2009En cette veille de fête nationale 2009, comme Jaures ; j'accuse, j'accuse nonante kilos sur la balance et j'accuse le blanc de Morges de me scier les pattes.
Les appuis sont incertains, mais qu'importe : Fanette et moi, on avance , on avance, sur la route de Meyrin, en direction du centre de Genève.
Le parcours est désormais celui des écoliers, par : Le Pont du Mont blanc, les bords du lac, Hermance et la France voisine.

Je profite de ce périple pour découvrir une voie plus tranquille que la D 1005 permettant de relier Thonon à Evian.

En guise d'amuse gueule me voici à suer sang et eau dans la côte menant à Publier. Heureusement la descente menant à Thonon par Petit Bissinge et grand Bissinge permet de souffler.

voie cyclable villleneuve st gingoph suisseEntre Evian et st Gingolph, c'est toujours le même bazar, sur cette D 1005 :

" Que foutent donc les cyclos du cru , pourquoi ne secouent-ils pas le CG ? " . La voie du Tonkin est à nouveau envahie par les herbes folles, le train tarde à y rouler à nouveau, et les cyclistes doivent serrer les fesses sur le bord de la route.

La Suisse enfin : Les indigènes viennent de doubler la largeur de la bande cyclable qui mène de Saint Gingolph à Villeneuve.

Un petit arrêt au port Valais sous le coup de midi, entre promeneurs, plaisanciers et coureurs du grand large, est l'occasion de recharger les batteries.

la suisse à vélo, parcours Numéro 1 le long du RhôneLa voie cyclable N° 1 qui louvoie sur la digue du Rhône est très agréable, d'autant plus que le vent a la bonne idée de me pousser, par Monthey, Saint Maurice d'Agaune, jusqu'à Martigny entre abricots et mais.

Alors que Martigny s'agite en vue des préparatifs du Tour de France, les choses sérieuses débutent, puisque c'est ici que démarre la boucle du fameux tour du Mont Blanc, alors que le compteur affiche 130 km et des poussières.

A droite les premières rampes du col de la Forclaz, sont peu engageantes, tant le pente est forte, mais ce sera la fin de cette boucle.

Dès la sortie de la ville la route grimpe sur une quatre voies, rendue assez désagréable par la chaleur lourde et la circulation intense de camions et voitures.

Mais je m'échappe par moments sur les routes des villages et l'ancienne route.

Sembrancher vaut vraiment le petit détour : les mazots, sous lesquels sont empilés le tas de bois, ne sont pas la pour le touriste.

Passé Orsieres, les choses très très sérieuses se précisent : ça grimpe à 8 % environ, et à deux doigts du coup de chaleur, je m'arrête à plusieurs reprises, dans le champ les bras en croix à capter les gouttelettes envoyées par les tourniquets destiner à arroser les prairies du valais.

Bourg saint Pierre en valaisOuf : Voici le joli village de Bourg st Pierre après 160 km. Le patron du camping est sympathique, ainsi que sa bière.

Et comme il n'est que 18 heures, la soirée sera consacrée à la passegiata dans les rues désertes de ce joli village.

 

 

 

2 eme jour : Bourg St Pierre - Bourg st Maurice : 136 bornes.

Il est déjà 8 heures qu clocher de Bourg St pierre, le gérant affable est le seul levé, lorsque j'entame, inquiet l'assaut final du col du Grand Saint Bernard.

Ce qui m'angoisse, ce n'est pas tant la pente des 7 derniers , plutôt impressionnante, mais ces tunnels pare-avalanches.

Sur les conseils d'un cyclo vététiste local rencontré lors de ce départ, j'évite un petit bout de route stressante en passant dans le village.

Finalement ces tunnels ne se négocient pas trop mal, grâce à la circulation moyenne de ce matin.

Ouf : Fin des pare-avalanches, me voici seul face à la pente : 6.7 km très exactement avant le sommet.

Pierres, roches , névés, vent et marmottes dans cet univers inhospitalier, mais tellemement humain ; tel est le tableau.

Seul avec moi même, j'aprécie chaque respiration, chaque pédalée.

La pente est rude en effet : 100 mètres pour un kilomètre, ce n'est pas de la balade ça, mais du maso-tourisme mais, il suffit de mouliner et d'humer, regarder le sommet, la vallée, et finalement j'aime ça.

Voici le col : Sur les conseils de Florentin, le vététiste du Valais, nous nous invitons Fanette et moi dans l'antre du refuge.

Les moines sont affables, le thé gouleyant, d'autant plus qu'il est offert à tous les voyageurs , les vrais il va s'en dire.

Le Bernard, âpres Napoleon, est en effet sur la fameuse via Franginea, reliant Rome à la Suisse.

Deux bolées de thé, il faut à présent retrouver le monde des mécréants : la transition est forte en effet, puisque 100 m plus bas, les beaux douaniers, beaux comme dans une opérette , trop occupés à draguer , ne me voient même pas passer.

La descente vers l'Italie est raide, très raide, la route un billard. Mais plus bas des travaux importants me rappelle que les cammés du tour de France passent ici dans deux jours.

Le Paradis, le grand, il s'entend, se dresse, tel un démon face à moi, mais Aoste est passé sans coup férir, dans l'indiffèrence générale.

Et surprise ! la route de la vallée menant à Morgex est relativement tranquille et sure, grâce à une surlageur presque cyclable et assez peu de camions et les carabinieri omniprésents.

Je marque tout de même un arrêt intendance dans un bar restaurant de familles comme on en trouve qu'en Italie

Anti pasti, pasta, antipathique, mais qu'importe j'ai bien mangé et bien bu pour 15 euros finalement : " Ciao bella, ciao, sulla montagna adesso devo caminare ".

Morgex, prés saint Didier fleurissent leurs derniers balcons en préparation du Tour.

Me voici comme Gloria, à l'assaut du col du petit saint Bernard : la route est belle, et moyennement tranquille, le paysage intéressant mais demanderait à être plus exploré, tels ces petits hameaux aux toits de Lauze.

Le col n'en finit plus décidément : 23 kilomètres à 6 kilomètres par heure, ça fait long.

Lancenranlette à gauche , le Mont blanc à droite, nous y sommes, et zou nous plongeons sur cette route pourrie indigne du TDF vers la France.

Seez, Seez celimène, le camping me tend les bras, ainsi que ses trois gérantes, les trois grâces, belles comme des coeurs :

Douche, bières, et saucisses tel seront les amuses gueules de ce soir..

 

3eme jour : Bourg saint Maurice - Argentière

Pluie du matin n'arrête pas le pèlerin, même si les pèlerines de hier au soir dorment encore.

Le temps est gris, il tonne, et de grosses gouttes de pluies viennent frapper le sol, et sur les montagnes un voile blanc gris indique rien de bon.

La boulange, rit de me voir ainsi à 7 heures du matin, on the road again. Bourg sans Maurice s'éveille.

Le Rond Point indique "Cormet de Roselende (comme dit l'enfoiré de la télé) 19,5 km". La route est calme, et sent bon l'herbe fraîchement coupée.

La pente est de suite rude, et puis après un premier répit, il faut déjà s'employer à fond sur les fortes déclivités âpres les anciennes thermes de Bonneval.

Mais "Hi-Han, Hi-han", tranquillement sans affolement, tout en nous fondant dans ce paysage de verdure et de rochers, on avance, on avance, doublé par deux cyclos filant comme les nuages qui déchirent le ciel.

Finalement voici le replat bienfaiteur marquant l'embranchent de la vallée des Chapieux, ou de nombreux campings car, stationnent à proximité du gîte de la Nova.

Cet endroit de bivouac, situé sur le parcours pédestre du Tour du Mont Blanc est un lieu marquant le passage vers le col de la Seigne, à deux pas de l'Italie.

De beaux névés accrochés au pied des rochers, persistent et risquent bien de passer l'été au frais.

L'eau coule de partout, les tarines dodolinent et se dandinent, générant de jolis son de cloches.

Basculant sans même prendre de photos, le plan de la Lai apparaît, alors que s'affairent des groupes de randonneurs à l'assaut des chemins du Beaufortin.

Le lac est à l'étiage, et moi, doit encore monter un dernier palier pour voir le col du Méraillet, sous l'oeil condescendant des employés de la DDE, appliqués à évacuer les cailloux tombés de l'orage de cette nuit.

La descente sur Beaufort, que j'apercois tout en bas, dans la cluse, est rapide, belle et impressionante, alors que de nombreux cyclos de tous poils y sont déjà à l'ouvrage.

Le camping des Cernix s'affaire.

Beaufort s'éveille, le marché semble très actif, les voitures me rasent les sacoches sur le bout de plat menant au pied du deuxième col, alors que je loupe le contrôle ravitaillement . En effet, je suis incapable de trouver le petit casino qui était, me semble-t-il situé en face de la fontaine, située à l'entrée Sud du village.

Mais peu importe, je tourne le bouton "Taper dans les graisses", et tranquillement arpente avec appréhension les 15,7 km du col des Saisies.

Il fait déjà chaud, quelques cyclos me doublent l'air narquois. La pente est rude en effet, plus rude que celle de Roselend, et la circulation de camions pénible.

Je pose Fanette à l'entrée du Huit à huit pour me ruer sur un demi litre de bière fraîchement descendue, ainsi que plusieurs litres de boissons diverses, tant la suée fut difficile.

Le sommet est passé face aux montagnes qui me sont familiaires : Le Mont Charvin est bien là en effet, je pourrais en me penchant un peu, presque apercevoir le jardin de ma datacha.

Le vallon menant à Bellecombe, où les bellescombèses se cachent, est plus calme, frais et verdoyant.

Le soleil réapparaît, j'apercois le clocher à bulbe de Flumet, et retrouve la route qui même si elle n'est plus nationale est trafiquée.

Le revêtement noir, est flambant neuf, les coureurs devant y passer bientôt. Mais pas une tune pour une éventuelle bande ou simple surlageur cyclable.

Il est vrai qu'ici les vélos c'est juste pour la frime de la télé. Megève grouille, filons. Demi Quartier, quel drôle de nom, pour une commune. le Mont blanc m'apparait tout de blanc vétu, pleine face alors qu'en contrebas, l'Arve se dessine dans la vallée de Sallanches à Cluses.

St Gervais continue à ériger de beaux immeubles modernes, contrastant avec les anciens palaces et termes donnant à la ville un petit air désuet parfois.

La belle descente vers Chedde, chère à Louis Chedide, permet de souffler tranquillement.

Le fond de cette vallée est un four, rendant l'ascension vers Passy, puis Servoz assez pénible, malgré le Mont Blanc que je prends en pleine face.

Mais les hameaux menant à Servoz sont calmes, authentiques et très beaux.

Je trouve le moyen de pédaler 500 m sur l'autoroute, en suivant béatement les panneaux (en blanc) pour Chamonix, n'ayant vu aucun panneau cycliste : Encore une bafouille à écrire, il en a marre le phacochère de la favergie, de ronchonner.

Ayant déniché la route de Vaudagne qui serpente tranquillement sous les contreforts du massif, je roule tranquillement à la fraîche dans cet Ubac. Les petits chalets posés en forêts font rêver.

Je me serais bien passé de cette bosse, mais c'est vrai qu'elle vaut le détour comme dirait Michelin, d'autant plus que la courte plongée sur les Houches est hallucinante de beauté.

Juste au dessus du guidon, le Mont Blanc dominent quelques glaciers, il fait bon ; ne manque que le pastis, je me contenterai de l'eau du bassin du village, parmi de nombreux alpinistes d'operette et touristes japonais.

Le torrent du Glacier des bossonsLa petite route menant à Chamonix, par le hameau des bossons, est presque cyclable, presque car peu large.

Les torrents descendant des glaciers proches distillent des embruns glacés : J'ai presque envie d'y plonger mon groin.

Je ne sais par quel truchement je me fourvoie dans le centre de Chamonix, parmi la foule des piétons.

J'ai l'impression de n'être qu'une molécule, comme ces gouttelettes d'eau dans les torrents vus précédemment.

Ayant fait le plein de boisson, je file vite fait de cet essaim malsain, pour suivre la route menant au Praz.

Retrouvant la route principale assez affolante, je pose non pas mes valises, mais mes sacoches au camping d'Argentière.

Le jeune gérant est ma foi fort sympathique, d'autant plus qu'il m'offre un verre de champagne.

Autant dire que ce camping est une bonne adresse.

Alors que momo le pizzaiolo fait de belles affaires avec ses pizzas, je ne trouve même pas la force de me soulager sous la tente, endormi non pas par le chant des cigales, mais celui du torrent.

4 eme jour : Argentière Genève

Levé avant toute la couvée, puisque, au son du clocher d'Argentiere, il doit être à peu prés 6 h, je plie prestement tente et paquetage : S'en suit une douche féline au bassin du glacier , et me voici en route pour cette dernière difficulté.

La circulation est encore faible, sans un bruit, si ce n'est le bruit régulier du torrent qui déverse ses eaux verdoyantes et glacées , la pédalée est tranquille, d'autant plus que la ventre vide, je doit taper dans les graisses afin de passer avec émotion le col des Montets.

Ayant longuement mis sur ma rétine le Mont Blanc, les aiguilles rouges, les aiguilles vertes, et j'en passe, je plonge sur Vallorcine, Le Châtelard, qui délimite la passage en Suisse.

Les pentes du col de la Forclaz débutent alors assez sévèrement pour se calmer avant le joli village de Trient, dominé par le glacier du même nom.

Glacier de Trient

C'est avec une heureuse suprise que le col de la Forclaz est franchi après un dernier effort de 3 km.

En hypoglycémie avancée, au diable les varices, je soutiens assez largement l'économie locale en me fendant d'un café et de .. deux croissants pour singer Fernand Raynaud.

Il suffit à présent de se laisser glisser sur Martigny : " Mama mia ", la route est belle, mais la pente hallucinante. Le bourg tient tout le fond de la vallée en contrebas des vignes qui s'étalent sur tout le coteau.

La vitesse est élevée, quelques voitures me doublent, j'ai ai le vertige, et la tête me tourne : " Vite, vite ", il me faut stopper afin d'éviter la catastrophe.

Les employés municipaux sont occupés à décorer la zone de départ du Tour de France : C'est pas tout à fait comme en France, puisqu'ici trois botcha qui bossent, et un chef qui dirige la délicate manoeuvre de pose des vélos sur ce mur de soutènement.

Je retrouve le plat, sur la voie numéro 1 de la suisse en vélo entre Rhône et abricots.

le lac à saint-GingolphLe retour en France voisine puis à nouveau en Geneveois par le chemin des écoliers, est sans histoire et sans anecdote.

Seule la pause déjeuner à Bret dans un restaurant bistrot mérite le récit : En effet, il est assez cocasse, à droite la salle des travailleurs, des ouvriers qui mangent assez simplement la daube en sauce pour 13 euros tout compris, et de l'autre le restaurant estampillé deux étoiles, plus cher , et peut-être meilleur.

Genève grouille comme d'habitude, et c'est fendant une foule cosmopolite que je pose mes sacoches dans les quartiers Nord de la ville ayant gagné en prime, un beau teint agricole..

 

Le Tour du Mont-Blanc à vélo 2009

ddd