claude bandiera 01-01-2004 maj 16-10-2017 (Taper sur CTRL-F pour chercher un mot dans ce texte)
Les propriétaires sont réellement habitués à
recevoir des diagonalistes.
La chambre est spacieuse, claire, calme, la Télé, la douche...,
il ne manque presque rien.
Cependant, le patron insiste pour que l'on paie en liquide ...., allez
va, pas de problème, étant donné le niveau de prestations
et d’accueil ..
Au commissariat, une jeune policière plutôt sympathique pour
une travailleuse de nuit, officialise mon départ.
Une jeune fille frigorifiée, paumée et imbibée de
nicotine, assise devant le commissariat me quémande une cigarette,
et me demande si je suis flic moins aussi. En ai-je l'air !!, peut être
est ce mon casque, qui lui fait penser cela ?
N'ayant pas la possibilité de satisfaire Nicotine, je lui offre
de quoi boire un grand café, et c'est un peu retourné, la
conscience tranquille, mais le ventre vide, que j'emprunte à 5
H 38, par le centre ville, la route de Kerhuon, et la
route touristique de la forest Landerneau, sous les seuls encouragements
des mouettes enthousiastes.
Le voyage aller, m'ayant mis les jambes dans un état déplorable,
le départ est laborieux, mais l'air marin, et le vent favorable,
sont réconfortant..
Après Sizun, la route serpente la montagne noire, déserte
, fraîche, et embaumée par les fougères.
Les gens aiment le vélo par ici, car ils
m' interpellent très gentiment.
A 10 h je m’arrête dans une boulangerie, pour dévorer
3 pâtisseries, et engloutir, un grand café sous les yeux
effarés de la boulangère.
Catastrophe, le support métallique de ma super sacoche avant casse.
Heureusement, un garage Renault, me dépanne gentiment. Et après
1 h de ferronnerie, me voila reparti.
Le vent étant toujours favorable, l'allure est agréable,
même si les cotes, deviennent plus difficiles à avaler que
les crêpes bretonnes, sur un goudron liquéfié.
Mes cuisses, et genoux sont tellement raides, que chaque bosse est grimpée
au ralenti.
Ce qui me laisse largement le loisir d'admirer l'habitat breton. Ces maisons
de pierre, agréablement fleuries, sont vraiment magnifiques..
Heureusement que les supportrices locales, m'encouragent de beuglements
sympathiques, car les spectateurs sont peu nombreux.
Si certains parlent aux oiseaux, moi je parle aux vaches et aux chevaux,
qui je n'en doute pas, comprennent ma conversation.
La France serait elle peuplée de bovins ! quelqu'un l'a dit avant
moi, et je commence à le croire.
A 16 H je téléphone à hôtel Baladins, à
Carquefou, près de Nantes. La jeune et jolie
préposée qui réceptionne mon appel m'attend avec
impatience ! Quelle organisation..
Mais, je suis doublé par un camion de cochons, qui m'asperge d'un
doux parfum enivrant, ce qui compromet fortement mes chances auprès
de Nathalie.
A 22 h, après avoir tourné en rond dans la zone industrielle
, j'arrive à Carquefou après 323 km.
Mon éclairage étant cassé, le final est un peu limite!
Mais à l'arrivée, le charme de la jeune fille est à
la hauteur de mes fantasmes!
Je suis content de ne pas avoir abdiqué dans la zone de Carquefou,
car la dame, m'avait préparé un repas, froid, mais très
copieux, et surtout, arrosé d'un petit rouge réconfortant.
Après avoir englouti ce bon repas, et appris à la Télé
que la France venait d'obtenir sa 25 ème médaille au tir
de fléchettes, je tente de dormir à même le sol, les
jambes posées sur le lit .
Je rêve d'un bon massage, mais la prestation n'est pas comprise.
J'allume la télé, que je n'ai pas la force d'éteindre,
et c'est avec Gégé que je passe une nuit. agitée.
Départ dans l’obscurité à
5 h 30.
Heureusement que Nathalie mon guide, m'a expliqué comment sortir
de cette foutue Zone, sinon, j' y serais encore ..
Il suffit de passer le pont sur la Loire endormie, et l'aventure continue,
sur cette route plate, qui serpente le vignoble.
Quelques vieux moulins avant, plus vrai que nature , vestige d'un passé
glorieux, me rappelle que le vent souffle par ici.
Mais heureusement il est toujours favorable.
Le temps magnifique, et la chaleur forte, m'obligent à boire 5
à 6 litres de .. liquide : eau, mais aussi café et bière
!!
Je continue de faire le bonheur des boulangeries!
La route de Cholet, arpente les champs de blé, mais l'air marin
fait oublier la monotonie de ce paysage, qui devient plus intéressant,
après Mirebeau, car la route est plus sinueuse.
Contournement de Poitiers, en passant tout près du futuroscope.
Les entrées de ville étant pourvues de déviation,
mais les directions pas toujours superbement indiquées, il faut,
tout en roulant essayer de lire la carte, et de s'orienter au mieux..
Cependant mes cartes étant anciennes, et certaines départementales
devenues des 4 voies, je me retrouve, à deux reprises, sur une
route départementale, interdite aux cyclistes . Merci le conseil
général de la Vienne.
Bien que la traversée de la forêt
de Lavoux, m'apporte un peu de fraîcheur., je suis obligé
à de nombreux arrêts au stand, car mes genoux et cuisses
sont de plus en plus douloureux
La voiture Mavic, ayant été larguée depuis longtemps,
je suis obligé de me suffir à moi même. par des étirements
qui me soulagent quelques minutes.
A Montmorillon, j'envisage de m’arrêter et
de ne pas poursuivre j'usqu' a l’étape prévue.
Mais cette sous préfecture de la Creuse, ne propose
aucun hôtel!
Je continue alors tranquille, direction Bourg Archambaud,
joli village ou j'ai le temps d' admirer un magnifique château.
j'y trouve un café authentique, qui fait hôtel, mais , celui
ci est complet !!
Lussac les Eglises, très très joli coin
de la Creuse plus que profonde. Un café, qui fait hôtel,
encore complet, il est 9 h 30, et la nuit tombe.
Le patron :"AH vous êtes savoyard, mais qu'est ce que vous
est donc venu faire ici dans une région si sauvage, alors que vous
venez d'une région si belle !" "Oh des bons gars ces
savoyards."
On daigne bien me faire à manger, pour 50 F, vin et café
compris. Ce repas très copieux et bon, me fait du bien, mais le
patron un rustique pur et dur limousin, ne peut rien pour moi.
Et dire que je l'ai entendu deviser sur la misère du pays, sur
le manque de touristes
Ces limousins certainement pas méchants, mais pas formés
au tourisme ..
Je me délecte tout de même un moment en écoutant ces
discussions de comptoir, ou quelques piliers de bars refont le monde,
et tout ca avec l'accent Limousin.
Je n'ai donc d'autres choix que de dormir a la belle étoile.
Bien qu'ayant repéré un joli banc prés de l’église,
je décide de continuer ma route, c'est plus prudent !
5 km plus loin, en pleine nature, je déniche un transfo EDF trois
étoiles, garanti sans pyralène, contre lequel je peux m'adosser.
J'ai tout le loisir d'admirer la voie lactée, dans cette nuit merveilleusement
étoilée. Est - ce la fatigue, l'émotion, mais je
n'ai jamais vu le ciel de cette façon . L'absence totale de lumière
environnante et la qualité de l'air doit y contribuer.
La nuit est calme, mais mon sommeil est perturbé par d' inquiétants
petits bruits animaliers.
Sont ce les sangliers qui viennent rendre visite à leur frère
"Porcus vulgaris cyclus Costo, des Alpes..".?
Je trouve toute de même quelques bribes de sommeil.
Jeudi 25 juillet 1996
La fraîcheur du matin, n'arrange vraiment
pas l'état de mes genoux, et c'est pourquoi à 4h 20 Je redémarre
sous la conduite de l'étoile du berger, qui brille vraiment très
fort, tel un lampadaire juste au dessus du bocage.
J’ avance lentement et sans bruit, dans cette merveilleuse nuit
calme.
J'ai sommeil, soif, faim, et mal aux genoux, et effectue ainsi 12 km !!
dans l'heure.
J’arrête de pédaler pour jouir un instant du silence
total, mais le bruit de mon dérailleur même, me gêne,
et c’est pourquoi je m’arrête un moment pour bénéficier
d’un silence absolu !.
Je pense à cet instant à tous ces SDF, qui eux vivent ces
sensations tout au long de l'année. Cependant les sensations sont
fortement émouvantes et sincères.
Une très forte impression de solitude, sérénité
et de calme m'habite .
A 8 heures du mat’, J'atteins "La Souterraine" , après
un formidable parcours dans cette Creuse calme et envoûtante.
et suis théoriquement presque dans les temps.
Mais il est évident que j'ai déjà virtuellement abandonné
l'idée de rejoindre Menton.
J'y fais pointer tout de même mon carton, dans un bistrot ou j'avale
un grand café.
Pas sympa du tout par ici le tôlier ! Peut être pus je ? il
faut dire qu’après 300 Km sans me laver, je dois sentir un
peu le fénéc.
Après avoir croisé la route habituelle de mes vacances à
l'océan, j'emprunte une petite route tortueuse tranquille dans
un paysage de bocage, ou paissent les fameuses vaches Limousines, que
je prend pour des bisons.
L’ endroit est vraiment très beau, il faudra y revenir !
Vassivière, ou le tour de France a fait étape, je me décide
enfin à acheter une pommade pour mes jambes. Donnez moi la même
que pour "Jaja".
Et effectivement l'effet est quasi immédiat. Et c'est en costaud,
que je me hisse sur le fameux
plateau des Millevaches, dont nos instits nous ont tellement
parlé. Il faut dire que l'endroit est vraiment conforme à
ce que j’imaginai.: Forets, lande, et calme. A midi je pique un
somme dont je rêve depuis plusieurs jours, sous une sapinière,
engazonnée.
Bien que je ne nique, pas, c’est le pied.
Pour le reste de la journée, au diable, la moyenne et la diagonale.
je respire à fond la fraîcheur du plateau des Millevaches.
A la Courtine au Km 131, à 15 h 20 , je décide
de m’arrêter, et après un roupillon de 4 h, je fais
honneur à une marque de bière bien connue dans un petit
hôtel sympa recommandé par le guide cyclo.
Vendredi 26 juillet 1996
Après cette bonne demi journée de
repos, synonyme d'abandon de la tentative, c'est les jambes moins fatiguées
et l'esprit plus tranquille que je repart à 7 h 35, sur une belle
route large, mais à cette heure ci, la circulation est vraiment
minime, le paysage est beau, et l'impression très agréable.
Je rencontre un vrai cyclo, avec qui je fais un bon bout de chemin jusqu’à
Condat.
Enfin un cyclo qui sort de ces abrutis du dimanche matin .
Christian est prof de gym à Tours, et effectue 100 km par jour,
en vrai cyclo, un peu à l'inspiration.
Un peu mon rêve quoi, mais rêve brisé par cette frénésie
de km qui habite certains cyclards gourmands dont je fais partie.
A Condat, jolie petite ville qui pourrait bien être une base pour
des randonnées en Auvergne, je découvre
le plateau de Cezallier, terres de hautes chaumes, et
vues sur la chaîne des puys, d’où une profonde émotion se
dégage.
A Marcenat, jolie petite bourgade tranquille, (H), je
remarque la maison de la foudre. Et comprendra un peu plus loin pourquoi
il existe ici un tel musée.
Un petit arrêt au stand pour
engloutir quelques pâtisseries sous l’œil médusé,
mais sympa du boulanger, qui doit faire du vélo, car il me demande
o% je vais, me serre la main, et me donne le profil du parcours.
A Allanche je remarque le vélo rail, dont j'ai
déjà vu un reportage à la Télé (H).
Arrivée à St flour, plutôt sT Four,
où la chaleur est étouffante, j'achète quelques cartes postales.
Je m'offre en prime le petit crochet par le viaduc de Garabit,
dont j'ai tellement entendu parlé à l'école primaire.
Le viaduc vaut vraiment le détour, comme dirait mon sponsor, mais
il me faut remonter la route de la bête, en direction de la Margeride,
sous l'orage menaçant.
Mais au moment o% je pense que? grâce a mon allure je vais lui échapper,
le voila qu'il me punit de mon arrogance par la plus belle douche que
j'ai essuyé en 30 ans de vélo.
Si seulement je tenais le salaud qui m'a piqué mon imper à
Brest, le temps de décharger mon vélo sur le trottoir de
l’hôtel.
Sur le Mont Mouchet, haut lieu de la résistance,
l'orage pète vraiment fort.
En fait de route de la bête, ce sont les abeilles que j’entends.
Deux trois coups de tonnerre vraiment proches, me foutent vraiment la
trouille.
Vais je alimenter la rubrique nécrologique de cyclo pèlerin
magazine ? : Non pas encore pour cette fois !
Je touche enfin Pauhlac, village martyre, à 19
h 30.
Il faut que je m’arrête la, car je suis trempé des
pieds à la tête, et mes genoux, n'ont pas du tout apprécié
cette talasso- saloperie que m'a envoyé la Margeride.
C'est sous les bravos du coq et des oies de la ferme que je rallie l'auberge
du bon accueil, la bien nommée.
Ouf, il reste des places en gîtes dans cette ferme auberge, authentique,
Après un repas simple et sans chichi, mais excellent, arrosé
d'une bonne bouteille de côte d’Auvergne. C'est, bourré,
que j'occupe seul le gîte vide, heureusement, car la fatigue m’empêche
de dormir.
Départ de Paulhac, à 5 H 20, encore
une fois sous les seuls encouragements du coq, le reste de la ferme étant
encore assoupi. Dans la Margeride encore embrumée par l'orage du
soir, la bête affamée avance sans bruit.
Mais à Saugues , la bête à trop faim, et une halte
petit déjeuner, chez Huguette, s'impose, celle ci m’engueule
parce que je ne fini pas sa confiture de framboise.
Je suis fatigué, mais la vue d'un noctambule qui distille son blanc,
me réconforte de mon état, (a chacun sa défonce après
tout.).
Après avoir sifflé la miche ... de pain complet, pour faire
plaisir à Huguette, je repars tranquillou, au dessus de Saugues,
dont seul les toits des maisons dépassent d'une brume apaisante.
La montée au mont Gerbier des joncs, constitue le 1er véritable
col depuis le départ.
Cependant, grâce à Éole, l'allure est agréable et
correcte, sauf sur le sommet où les rafales de vent tourbillonnantes rendent
l'avancée plus difficile..
Ce panorama d'une beauté sauvage, est extraordinaire.
AH, que j'aimerais vivre ce décor au mois de novembre, bien blotti
au chaud dans une maisonnette en pierre, et loin des fureurs de la ville.
Je suis tellement costaud, que je décide de faire le détour
jusqu'au sommet, afin de prendre un petit bain de foule.
Mais c'est dans l' indifférence générale, que j'alimente
les sources d'une Loire, déjà polluée,
1 km après son départ.
Je ne suis pas le seul à alimenter le plus grand fleuve de France,
puisque, au détour d'un virage. je bénéfice, bien
malgré moi, d'une magnifique vue, sur un mont d'une autre planète.
Dans l'euphorie qui s’ensuit, je rattrape un triathète du
dimanche, comme je les aime .
Ce qui me rassure sur ma condition physique.
Celui ci, beau et con, à la fois, a moins de conversation que les bovins
rencontrés tout au long de la route.
Après quelques beuglements amicaux, et en guise de remerciements
pour les relais assurés dans un fort vent défavorable, et
sous l'orage menaçant, il profite d'un virage raté, pour
me larguer dans la descente. Et ce ne sont pas les protestations de l'élevage
de cochons, en huttes, qui changent le cours de la course .
"Allez casse toi va, tu es vraiment trop con" , semblent crier
les ovins, "vas y Bel Fiol ..", reprennent les truies. Ces encouragements
me vont droit au cœur.
J'aborde enfin la descente sur l'Ardèche, les montagnes sont vraiment
sauvages par ici,
Bien que ce paysage soit fantastique, je préfère l'Auvergne,
plus calme et reposante pour l'esprit.
Col de l'arénier, cette fois ci j'échappe de justesse aux
griffes de l'orage.
La descente rapide jusqu’à Privas, sur une
route bien dessinée et large, vent de dos, est très agréable
malgré le flux montant des vacanciers, chargé de bicyclettes
sur le toit ..
Je croise quelques cyclos campeurs, bien équipés, style
étrangers, des costauds assurément. J'ai mal pour eux !
A Privas, ou la chaleur de fond de vallée, est
éprouvante, je quitte définitivement le parcours de le diagonale,
à 15 heures, à 410 Km de Menton exactement, pour rallier
Le Nord de la Drôme, par la RN 86 ou la circulation dense, engendre une
pollution telle que j'ai des quintes de toux.
Jusqu'au Pouzin, je longe l'Ouvèze, le plus bel égout à
ciel ouvert de France.
Je veux bien que l’Ardèche soit une zone sinistrée,
mais à ce point, je n'avais encore jamais vu !!
Bizarre, personne n'en parle. D'ailleurs cette vallée est vraiment
dégeu, car je croise deux décharges sauvages au bord de
la route . Belle publicité pour l'Ardèche.
Mais en Ardèche, coule également de beaux liquides.
Arrêt à Cornas, chez Marcel Juge, afin
de soigner la toux, et acheter une bonne bouteille à ramener à
l'Oncle Drômois.
Ce Cornas est l'un des tout meilleurs vin de la vallée du Rhône.
Et, c'est en costaud, dopé par Marcel et Eole, qui souffle dans
le sens inhabituel, que j'arrive à l'heure du blanc, à Anneyron,
ville de Bernard Vallet, puis ST Sorlin en Valloire,
chez l'oncle Pierre.