Récits de randonnées : Randonnée vélo route Léman à la mer

De Faverges aux saintes Maries de la mer en 2004

28-1-2006 maj 01-11-2016 Claudio B..

1er jour : Faverges - Grenoble - Crest

Quatre vingt six pour cent du quintal, température au même degré que la mondeuse de hier au soir, assez doux pour cette mi octobre, malgré la rosée du matin, après un nuit agitée, suites aux émotions de la soirée du Trail de Faverges, me voici « on the …. », vous connaissez à présent le refrain. Dans la plaine d’Aiton , quelques chasseurs jouent aux rambos, mais la marée, chaussée de ses bottes, veille au grain sur cette départementale 925 bordée d’immenses champs de mais, d’où doit sortir le malin, pas comme ces chasseurs.

Mais cette plaine est envoûtante, toute capuchonnée des brumes , laissant entrevoir l’immense barrière des Bauges, que je ne cesse d’admirer à chacune de mes bambées. N’ayant absolument rien avalé ce matin, foie trop fatigué, un petit arrêt à la boulangerie du village est obligatoire. Quelle surprise, Loana, que je n’avais plus revue depuis quelques mois, est bien là : blonde , grande , comme sa cousine.

Elle est très gentille la boulangère, elle dit bien bonjour et ses pains sont très appétissant. Ayant décidé de flâner , je choisis de passer par la route des Villards menant à la Rochette, plus tournicotante, mais certainement beaucoup plus jolie que la voie normale.

De vielles maisons, non encore rénovées, la Savoie, la vraie, pas celle de l‘Europe des riches, tous les européens friqués en mal de nature. Certes, la vallée n’est pas superbement ensoleillée, mais authentique et calme. Le vent est bien entendu de face, et sous mon casque, mon petit cervo croate en ébullition, a chaud .« atomisé » Malgré un foie légèrement douloureux, voici Grenoble chère à Fernand Raynaud. Est ce la randonnée de trop, celle de la souffrance, des péchés à expier, »Dieu seul le sait ? ».

Costaud tout de même le père belfiol, phacochère s’il en est, égoïste, et puis alors ? Après . Crest et un coucher de soleil drômois à faire pleurer un sanglier, il faut bien dormir : Voici un champ de noyers, m’offrant ses branchages descendant à raz le sol afin de me cacher, moi le cyclo pécheur. A quelques encablures de ce chemin vicinal et quelques hectomètres de la route principale, la tenture est installée prestement sur un lit, à la noix de noix.. Angoissé cependant à chaque passage d’autos très mobiles, l’endormissement est trouvé à l‘heure où Michel Drucker, endort lui, la France profonde. La nuit sera passée entre éveils et sommeils, mauvaises pensées et bonnes, se mélangeant dans ma tête, par moments des bonheurs et d’autres des angoisses.

Le cerveau fut il croate, est vraiment une chambre d’enregistrement qui renvoie tout, la nuit. De noix en noix, après minuit, le sommeil aidant, la nuit se passe tranquille.

2eme jour : Crest - Les saintes Maries de la mer

5 heures , « Vrou vrou » , le vent , le vent fripon, souffle très fort dans les branchages de mes noyers, les noix dégringolent sur ma frêle demeure et ma Fanny.

Sta' matin deux nouvelles, une bonne et bien entendu une mauvaise. La bonne : « le vent souffle du Nord, donc me pousse vers Neptune et les sirènes. » La mauvaise : « Il pleut », et alors ?. Tente et bagages prestement démontés et rangés, je n’en ai cure car de capote, suis équipé. Ce sont des trombes d’eau qui m’accompagne sur la route encore déserte. Et bien tant mieux , la Provence qui a soif m’en remercie. Ventre rempli de noix, mais sans liquide, un arrêt authentique dans un bistrot des 7 h est intéressant dans cet estanco plein de chasseurs prêts au combat.

Voici le château de Madame de Sévigné, l’épistolaire de renon, « clic clac une photo, encore ratée », l’angle n’étant pas adéquat, et le ciel trop sombre. Le ciel est chargé, de gros nuages noirs alternant avec de courts espoirs d’éclaircies. Mais comme Georges, qui aime la pluie, je suis heureux de ces radées pour la terre qui a soif comme moi. Après moult gourances, et des chemins de traverses, me voici, chez le viticulteur Granier à Tulette. Son viognier étant d’un goût de revient y , et gouleyant, et lui sympa, nous repartîmes, heureux et cahin-caha par la route de Cairane, Violes et Avignon .

Malgré un ciel nuageux et changeant et de longues lignes droites à forte circulation, et une crevaison à force de rouler sur le bas coté, je touche au but de la camargue. Même si de ma route nationale je n’ai pas entre aperçu de flamands roses, mais de flamands rosses. Non je plaisante bien entendu, car de flamands j’en rencontra lors de ce périple, attiré par sympathie pour ma bicyclette. La plage est belle, les saintes marie calmes, mais la faim me tenaille et malgré un budget à faire serrer les fesses à Mathieu, il me faut bouffer, ne serait ce qu’un bout de taureau. Tentant , après moult hésitations un resto, et un rossé des sables, ne faisant pas trop mal à la tête, il faut bien dormir sur la plage, pailla et gambas en l’air. Déserte elle l’est, calme ; malgré le bruit assourdissant du ressac. Malgré quelques moustiques récalcitrants en cette fin de saison, la nuit sera relativement calme sur ce sable doux et légèrement humide, telle la peau d’une déesse.

3 eme jour : Les Saintes Maries - Arles et retour Annecy by train

Réveillé tout à coup, par le suintant de l’eau montante malgré la faible marée méditerranéenne, l’instant est magique, la mer, n’en finit plus de rouler ses écumes, le ciel noir de gros nuages, le soleil commençant à rougir et bientôt rugir au delà des flots. Mais j’ai réellement du mal, voire maille à partir de cet endroit idyllique. Discutant avec un pécheur bisontin, qui très futé et un peu friqué s’en est venu retraiter ici, nous attendons avec délectation le lever du soleil.

Marché faisant, victuailles achetées, nous roulons tranquilles : mon cheval, la Camargue et moi, cette fois ci par de belles routes désertes en direction de saint Gilles. La Camargue, triste de me voir partir, a mis sa coiffe de plomb, le ciel est gris, mais nous roulons doucettement à l’unisson du chant des oiseaux. Après de belles lignes droites dans la plaine, voici l’autoroute , mais les employés de la DDE , tombant à pique, m’indiquent la direction du centre ville de Arles. Un billet prestement acquis grâce aux bons de vacances, ces trésors, la Fanny calée dans le coin qui lui est dû, le train d’Arles rejoint Annecy.

Ce TER, microsome. de la France moyenne, est l’occasion d’observer : de ci, « de belles étudiantes », de la, « mon beau black », rencontré voici deux mois », et cela ne s’invente pas, et enfin, un couple de jeunes clodos complètement allumés au Kiravi , et Fanny doit alors se tenir à carreau dans son coin.

A l’heure du thé, à Annecy, « devinez qui je rencontre ? », un ami « Yves », et bien moi qui voulait randonner incognito : c’est raté. Après la piste cyclable déserte, voici Englanne, par la porte de « champ purin », mais toujours aussi calme. Et surtout « at home », lavage, décrassage et choses de la vie.